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Photo du rédacteurHenri Baron

AUTOBIOPOÈMES - Amour(ette)s

Dernière mise à jour : 1 janv. 2023

Textes écrits de 1986 à aujourd'hui




FUNAMBULES

Quel rêve farfelu de vouloir danser funambules

toi et moi sur le même fil


Nous avions trop bu

trop abusé du rhum parfumé

ton cou sentait la nuit

tes seins la girofle et la cannelle


Tu partais du nord-est

j’étais déjà à l’ouest

nous avions perdu le nord


En apesanteur

nous titubions l’un vers l’autre

notre histoire sentait le soufre


Attirés par le vide

nous valsons éthérés

dans les volutes dorées

des feux de la rampe


Aspirés par le vide

Nous sombrons

dans le crépuscule abyssal

sans baudrier ni filet


Il faut qu’amour et mort

étreignent dieux et déesses


Paris, 12 janvier

© Autobiopoèmes, Amour(ette)s

 


PREMIÈRE FOIS

Je suis comme

au premier jour

ébloui

étourdi

j’ai vingt ans me voici

Don Juan

Don Quichotte

comme au premier jour

d’un premier amour

Paris, 13 janvier

© Autobiopoèmes, Amour(ette)s


 

BAISER

Trinquons à nos rêves écarlates

aux flots de sève annonciateurs du printemps

aux désirs impatients

aux prémices d’amours

aux plaisirs partagés


à cette insolente jouissance

qu’étouffent tes lèvres


Paris, 26 janvier

© Autobiopoèmes, Amour(ette)s


 

TRIO N°2 EN MI BÉMOL MAJEUR OPUS 100 D929

Le chant de la vigne a la saveur sombre des guignes

La caresse libre de l'archet

se joue des cordes

de nos entraves

brise les chaines

et nos amarres

avec ce sens aigu de la justesse

et le son grave de la mélancolie J’accorde nos indifférences et déraisonne

votre âme perdue

les notes en vol voluptueuses et rondes en robe noire les soupirs lancinants des femmes lascives aux amours arborescentes En lente sarabande

de l’amour à jamais partisanes

les sorcières s’évanouissent

sur les rives du lac gelé

cœur du destin méandreux

déchirant leurs oripeaux

aux ramures torturées des tilleuls


Vous restez immobile sous la pluie des flèches valentines

la brume se fissure

et laisse apparaitre les cieux


mon âme charbonneuse s’enflamme

le temps d’un silence

pour le vénitien de vos yeux

et l’or de votre parure bella Venere

sono vostro schiavo


Paris, 14 février

© Autobiopoèmes, Amour(ette)s



 

UNE LUCIOLE EN ENFER


Que répondre lucide

à la volupté rebelle

l’insolente clarté

de ce sourire androgyne

soleil irradiant la nuit

atomisant les rêves

les pluies assassines

et mes élucubrations délétères

d’un désir éthéré

Lumineuse Lucie

tu brûles de m’arrimer à l’amour

éclipser la nuée de cendres

élucider mes vers

tu m’invites à descendre

m’endoucir en enfer


Serais-je seulement translucide

Lucifer lovicide


Paris, 16 février

© Autobiopoèmes, Amour(ette)s

 


MERAPI


Il est six heures ma plume faiblit et dans mon cœur une étincelle J'accepte ton désir en partage ton aube et son ciel ta peau sous les dentelles et ta lumière divine Nos draps sont de lave tu guettes l'éruption quand nos lèvres jointes s'imposent le silence

Longues-sur-Mer, 21 février

© Autobiopoèmes, Amour(ette)s

 


ONDINE


Dans le frisson

d’une nuit qui se meurt

la lueur labile de l’aube

ondule sur ton corps en croissant


Caresse pour l’âme

ton murmure à la lune

a la chaleur de l’âtre

dans la froidure de l’hiver


Tu éveilles

le désir des sens

émerveilles

l’errance du jour

Paris, 7 mars

© Autobiopoèmes, Amour(ette)s


 

VACILLEMENT


​Dans cette banlieue jadis incarnat rue du ruisseau sang du torrent un escalier lumineux et secret entre fier printemps et juillet là où nos regards se frôlent où nos corps se croisent où nos lèvres hésitent ce verre de cinsault qu'elles refusent cet amour vert évidé brisant sentiment de désert défunt mort

git



Paris, 10-13 mars

© Autobiopoèmes, Amour(ette)s

 

LIBRES

Comme le ciel

où dansent les nuages

Comme les nuages

qu’agite le vent

Comme le vent

qui pousse la vague

Comme la vague

qui roule sur la plage

Comme la plage

inondée de soleil

Comme le soleil

dévorant nos corps

Comme nos corps

enlacés on s’endort

Comme un seul corps

on sème on s’aime encore



La Rochelle, 15 mars

© Autobiopoèmes, Amour(ette)s


 

AMAZONE


Elle ne veut plus d'amours masquées ou troglodytes elle rêve de bleu limpide éthéré de mers oniriques chants de sirènes vols de pégases amazone libre émancipée de la lourdeur des hommes

Paris, 15 mars

© Autobiopoèmes, Amour(ette)s


 

ODALISQUES

Charme des reflets ensorcelante la lune croit imperceptiblement dans le miroir je l'admire au ralenti subjugué de l'autre côté du miroir ton corps lactescent alangui respire le printemps torride la chaleur suinte des murs la lave monte en ses cratères il flotte des parfums de vin doux l'astrée se rapproche de tes rondeurs comme une preuve futile de votre attraction bientôt fusionnelles vos peaux s'entrelacent vos chairs s’effleurent mon âmoureuse s'emballe une irrésistible poussée de fièvre pulse le sang la lune disparait sous un feu d'artifice mes yeux se brouillent s'enlarment tout est blanc jusqu'au cratère de la nuit nul besoin de harem deux temples voués à Dionyseros deux corps en beauté consacrés suffisent à mon vieux cœur encore tremblant de s'être laissé le temps d'un rêve ou d'un faux été apprivoiser par ses sœurs d'éternité


Paris, 16 mars

© Autobiopoèmes, Amour(ette)s


 

AVRIL




Avril et son parfum d'Elle quand les corps se désemmitouflent que son corps fume comme la terre à dorer au soleil L'air est frais encore la peau frissonne la chair polissonne Elle le langoure des yeux sans parole Avril lui répond d'un regard plissé comme un drap d'amour ayant trop souri * * * * * * * * * * * * * Elle Lui dit tu m'encharmes mais c'est Elle qui Le possède Lui n'a rien ni l'en-cœur ni l'en-vie Il n'est que printemps insoumis infidèle aux lois aléatoires d'une nature sauvage et libre * * * * * * * * * * * * * Il porte en Lui la mort vernale l'éblouissement de l'été et les folles amours qui sait déflorées dans les champs de colza l'entêtante pestilence le braiement de l'âne et le bourdon paroissial * * * * * * * * * * * * * Elle désemparée garde et regarde au creux de son cœur de ses mains jointes vaciller la lueur du soir pressé la lune sera floue et le rêve assurément fou avec ou sans Lui


Paris, 2 avril

© Autobiopoèmes, Amour(ette)s


 


ÉVOHÉ

Quand tu câlines l'aube

je trompe le crépuscule quand tu me maries au jour

je divorce de la nuit

sous des larmes de lune

Quand tu consoles ton âme

je cajole mes mots je les fais baume pour les brûlures du temps

les sacrifices du ciel

Les courbes rebelles de ton corps sororisent avec les dentelles et les adventices du printemps mêlées à ta crinière Entre transe et danse nos défroques torsadent tâches floutées entre pampre et azur cicatriciel Le temps s'estompe l'amour ondule en cet écrin pascal d'herbes et de mousses où monte lentement la sève Tu te laisses ravir par le dieu-masque des vertiges tu frôles l'extase dans l'artifice des sens en ce prélude à la nuit


Quand je dis je

je dis tu je dis nous


Paris, 2-4 avril

© Autobiopoèmes, Amour(ette)s



 


ALCHIMISTE

J'écrivais plomb tu rêvais d'or une étoile en tes yeux alchimise mon encre de mots amers en mots d'amour de maux de l'âme en baume au cœur

Paris, 6 avril

© Autobiopoèmes, Amour(ette)s


 

À LIVRE OUVERT


J’ai lu dans les entrailles de la terre

atterré

je me suis perdu au fil de l’Histoire

à l’intersection

d’un sillon brulé

écorché

et d’une source chaude


J’ai lu entre les lignes du destin

entre les courbes de tes seins


J’ai lu en toi à livre ouvert


Pourquoi d’autres mains interdites

en ont-elles tourné les pages


J’ai lu en toi à livre ouvert


Pourquoi d’autres yeux voyeurs

en ont-ils volé les mots


J’ai lu en toi à livre ouvert


Pourquoi d’autres lèvres acides

en ont-elles goutté le venin


J’ai lu en toi à livre ouvert


Pourquoi d’autres sexes incestueux

ont-ils joui du délice de tes rimes

de ta prose

de ton intime

de mon timide amour


J’ai lu en toi à sexe ouvert


Sexe bandé

sexe arrimé

sexe imprimé


J’ai lu en toi à livre ouvert


Cœur écorché

cœur écartelé

cœur asséché


J’ai lu en toi à livre ouvert



Autodafé

Rochefort-sur-Mer, 23 avril

© Autobiopoèmes, Amour(ette)s


 


LIKE A BREATH OF LIFE



in a dream’s stream with velvety curves

like an endless breath

in the desert’s heart

like a vital voice

in the dismal void

her fingers fly over the strings

she dances a never danced dance

and sings an improvised pagan psalm

under the palms of an oasis

like a beautiful blue bird

the cheerful then plaintive poem

rises to the sky

magnifies the only one she loves

between love and broken heart

in a dream’s stream with velvety curves


Paris, 14-15 mai

© Autobiopoèmes, Amour(ette)s


 

LE VIEUX GRIMOIRE

à KM


Soir de pleine lune

poussiéreux grenier de mes souvenirs

un vieux grimoire


D’une écriture semblable à la mienne

dessinés depuis des siècles d’éternité

par une main qui put être mienne

les mots dansent à mes yeux

qu’épuise l’obscurité


Fasciné

je m’endors


Les mots sont sorciers

les fées poésie

et m’envoutent à jamais


Mes mots sont sorciers


Ils t’ont charmée

leur charme opère encore

Par leur seul pouvoir

je peux rendre lumineuses

la grisaille des jours sans soleil

la tristesse des nuits sans lune

Par eux je t’emmène

à des lieues du commun des mortels

vers de merveilleuses destinées


Je peux vaincre le destin

imaginer le futur

bâtir à ton image le présent

l’effacer

le modifier

à ton gout

Je peux défaire la trame de l’Histoire

réformer le passé

vivre le conte

rire ou pleurer

à ton gré


Mes mots sont sorciers


Ils m’appartiennent et me possèdent

mes rêves guident la plume qui les grave à jamais

sur les pages vierges de ton cœur

– ce déjà vieux grimoire offert


Rochefort-sur-Mer, 15 mai

© Autobiopoèmes, Amour(ette)s


 

1 MINUTE 18 SECONDES

Tu réinventes le temps le figes le fracture le cicatrise Il ne me reste que ces interdites minutes Cinq peut-être soustraites à la perpétuité à la traitrise à la mort aux amours écrites sur les lignes brisées de ma main Indifférent à la dictature du désir éphémère éclaté la désinvolture empêtrée dans un fluctuant destin je butine lutine mutine l’écarlate bouton de tant de pivoines que les effluves douces se mêlent aux senteurs épicées Le souffle s’affole septicéleste puis s’estompe leurs caresses secrètes me dissolvent sous la voute cyprine aux étoiles spectrales Il ne restera de moi sur la terre nue pétrifiée d’hypocrites que quelques sutures versatiles que quelques vers saturés éternels pourtant disent-elles courtisanes telles les amours glyphosatées

Paris, 8-9 juin

© Autobiopoèmes, Amour(ette)s

 


EX-VOTO

Warst du mein Bruder mein Feind oder schlimmer Vielleicht war ich nichts und niemand für dich In deiner Falsettstimme hätte ich vorsichtig sein sollen Für alles vergebe ich dir illoyaler Freund Du hast mich befreit Danke wegen des Computerspeichers bin ich frei aber vermisse ich dich nicht Ich wache morgens auf ohne an dich zu denken ohne über deinen Verrat nachzudenken ohne den Geruch von Rache Meine Erinnerung habe ich belüftet abgestaubt gescheuert neu gestrichen In einem Heiligtum bleiben die Kinder Ich weiß es nicht einmal mehr wie siehst du aus von ihr vergesse ich sogar den Namen Ich ließ seine Verachtung seine Leere seine Langeweile seine Gewissheiten seine Lügen seine kleine ohne Sinnlichkeit Macken los Ich überlasse dich deinem Schweigen Ich überlasse dich ihren Clinch ihren winzigen Vereinbarungen ihren größten Meinungsverschiedenheiten ihren falschen Theatersets ihren Pestgerüchen ihren Unwahrheiten Seit deinem Verbrechen sehe ich endlich gleich aus nehme ich ohne Tumult die Nebenstraßen entdecke ich den wilden Duft der Blumen wieder die Sonnenuntergänge die Nächte unter meinen Sternen Ich bin frei aber vermisse ich dich nicht



Paris 30 juin

© Autobiopoèmes, Amour(ette)s


 

SOLEILS


Soleil de vie


* * * * * * *

Aube éparpillée

Tu brouilles la brume

et ton sourire au réveil

inonde l’oreiller


* * * * * * *


Matin cristallin

L’été traverse l’espace

et le silence

laisse entrer verveines en fleur parfum des jasmins

mélodie des sources

et des pinsons


* * * * * * *


Moite chaleur de l'été

Nos chairs se frôlent et se froissent se mêlent s'emmêlent et s'aiment - mêmes anamnèses - et sèment fleurs et rimes à Sacem

* * * * * * *


Ta voix

Mélodieuse et grave

* * * * * * *


Tu chantes et m'enchantes J'imagine des châteaux

en Espagne mais ils ne sont que de sable

éphémères


* * * * * * *


Nos chairs sauvages

s’animent

s’aiment


* * * * * * *


Être douce indocile être belle et rebelle

libre druidesse à repousser l’impossible

dépasser l'invisible entendre l'inaudible dire l'indicible

d’exil en asile


* * * * * * *


À la douceur de ta peau

inapprivoisée

un astre dans la main

dans l’azur du jour

où se fond la mer

tu m’ensommeilles

et assièges mes rêves


* * * * * * *


Il faut attendre le soir

l’embrasement de l’écume

et la lune fertile

sortir des eaux

ronde et pleine

dans la sarabande d’étoiles


* * * * * * *


Calm between storm

and thunderstorm


* * * * * * *


L’heure fatale affleure

surnaturelle

Mi-femme mi-louve tu louvoies tu te loves toute de velours

dans la pénombre aussi bleue

qu’un aven infernal

Mi-louve mi-flamme

tu m’enflammes

subliminée sublime et nue

tu brises le sablier

et les cœurs prétendants



Longues-sur-Mer, juillet

© Autobiopoèmes, Amour(ette)s


 

POURQUOI DOUTER

À l'ère où vivaient les fossiles je t'aimais déjà et je t'aimerai lorsque l'humanité ne sera plus que poussière d'atomes


Paris, 13 juillet

© Autobiopoèmes, Amour(ette)s


 

NAUFRAGE

Le phare incandescent cligne de l'œil et balaie les rives de ton corps ses dunes blanchies sous la lune ses courbes effleurées par la vague lascive naufragé téméraire je m’échoue sur les berges mouvantes de ta féminité sauvage et libre ou celles de ta tendre folie j'enjôle l'ardent œillet rouge à ta bouche humide hospitalière dégrafe timide et doux les soies froissées les délices capricieux captive tes affres satines la houle sillonne en frisson ton échine libertine le velouté de tes rêves ravine en torrent sur mes lèvres altérées ravive le feu sentinelle Si le désir reste désir méprisant l'artifice la nuit sera sans fin et l'aube maudite


Longues-sur-Mer, 14 juillet © Autobiopoèmes, Amour(ette)s


 

AMOURS LUNAIRES

Le sombre clair de lune trace des arabesques sur ta peau des reflets d'écume des ombres marines mes caresses digitales entremblent ton corps submergent ton cœur tsunamisent tes rivages divaguent ta fièvre Amours lunaires millénaires

Longues-sur-Mer, 23 juillet

© Autobiopoèmes, Amour(ette)s


 

DE PASSAGE


Je serais de passage mes nuits traverseraient le jour mes mots seraient légers dans la pesanteur de l'air Il faudrait éteindre la télé et nous draper de nuages jeter à l'oubli le téléphone et ton mac écouter la vague et le vent regarder le ciel s'embraser embrasser l'instant caresser nos peaux Alors monterait un poème de chaque rocaille de chaque fêlure Puis de chaque bouche d'égout rimeraient nos désirs et la promesse d'une nuit nouvelle

Longues-sur-Mer, 5 aout 2021

© Autobiopoèmes, Amour(ette)s


 

VENIN

Je suis la vipère

qui s’enroule

se love au soleil

de ton ventre vermeil

**********

Je suis la couleuvre

qui se coule

se glisse comme l’onde

entre tes cuisses oblongues

**********

Ô venimeux nectar

**********


La pierre de ton cœur

est devenue mousse

verte à peau douce

**********

Le buisson ardent

a perdu ses épines

dans le feu de l’amour

**********

Je me suis immolé


**********

Sauras-tu

Doux poison

Me réincarner

Moustiers-Sainte-Marie, août

© Autobiopoèmes, Amour(ette)s


 

TOXIQUE


Tu me détraques me désavoues me déprécies me déshonores me désempares me dénatures me désaccordes me désenchantes me détermines me démantèles me déstructures me décomposes me désagrèges me désassembles Et tu me dis

je te désire je te déchaine je te délivre Tu me dis encore - je t'aime ainsi Tu dérailles désaimes aussi


Longues-sur-Mer, 9 aout

© Autobiopoèmes, Amour(ette)s


 

AMOURÉSINE

On a passé notre amour à la résine de pin au sirop d'érable Même en ton absence nos peaux restent toujours encollées Mouvance des corps en fondu enchaîné fusion des atomes charnels

Longues-sur-Mer, 20 aout © Autobiopoèmes, Amour(ette)s


 

INFIDÈLE

Cet homme

qui cache son bas-ventre de ses mains

et se laisse bercer

aller et venir

par le balancement du train

soudain se réveille

à l’approche du tunnel

les yeux hors de leurs orbites

dans un cri de jouissance


Je sais qu’il pense à toi

Entre Libourne et Brive-la-Gaillarde, 26 août

© Autobiopoèmes, Amour(ette)s


 

EXHUMANCE

C'est ma mémoire que tu reprises tu penses bien faire peut-être mais en méprise laisse en l'état les fissures entre mes souvenirs il a fallu tant de jours tant de pression tant de larmes rapetasser les déchirures masquer les peines panser les blessures occulter les haines oublier oublier oublier alors n'arrache pas les greffons sur ma mémoire ne triture pas les berges de l'oubli ne ravive ni les cicatrices ni les souvenirs innommables inhumés

Longues-sur-Mer, 28 aout

© Autobiopoèmes, Amour(ette)s


 

L’ATTENTE

Le bus le métro l'happy hour la bonne heure le bonheur Le départ l'arrivée un regard un sourire une main le retour du navire le largage des amarres le commencement la fin des temps celle des ennuis la sonnerie l'appel du 18 la rentrée les vacances l'oubli Le grand soir aux drapeaux rouges l'écran noir l'espoir enfin les cris de joie La robe en soie au pied de la dune les corps enflammés sur le sable émouvant la marée débordante juste un peut-être un geste un oui viens une caresse une étreinte toute en tendresse La nuit le jour la vie la mort l'amour Toi J'attends

Paris, 3 septembre

© Autobiopoèmes, Amour(ette)s


 


AMOURS CANICULAIRES

Quand mon pas ralentit sous l'écume azur d'un ciel impassible Quand ma bouche valentine à tes lèvres étylométriques Quand ta peau s'alanguit sous le jeu de ma paume amoureuse Quand nos corps s'alambiquent au creux d'une étreinte langoureuse Quand nos cœurs balancent entre deux rives irascibles Quand nos âmes s'aliènent sur le feu d'un rêve électrique Tout s'accole et s'emmêle entre mer et ciel entre glaise et chair dans un nébuleux arc-en-ciel

Paris, 7 septembre © Autobiopoèmes, Amour(ette)s


 

DÉSERT DE l'ANAMOUR


Dans les jardins de l'âme rocailles et sables arides il cultive l'amour y sème des milliers de graines mais n'a que larmes amères dans l'arrosoir de ses rides Le sel et le soleil calcinent jour après nuit peine après chagrin les germes d'espérance Il ne reste bientôt de ses rêves d'Hespérides que des amours charbonnées des espoirs rances et sur un rocher noir au cœur du mausolée cendré de ses souvenirs une seule cicatrice le calice toujours rose d'une fleur de silice

Paris, 12 septembre

© Autobiopoèmes, Amour(ette)s


 

TRAÎTRISES



Tu souffles sur la flamme qui m'anime tu en veux un grand feu de moi rien que pour toi cries-tu l'embrasement de nos vies alors tu souffles tu ventes avec tant de force tant de hargne dans le regard que la vacillante surprise frissonne chancèle s'éteint il ne reste plus rien pour éclairer mon âme tu la trouves trop sombre trop cendrée trop banale trop bancale trop rien Et toi l'ami que je croyais fidèle tu étais de mèche fondras-tu dans les vases sacrées* avec ta voix de fausset à chanter des cantiques et ton rire équin de gentleman farmer sentiras-tu sous le soleil jaune traître ou rosi de ta honte sur ta peau cramoisie la brûlure saline des larmes de trois enfants

Paris, 27 septembre © Autobiopoèmes, Amour-ette-s


* Titre d'un très beau film documentaire sur la baie de l'Aiguillon (Charente-Maritime et Vendée) de Philippe Garguil, Henri Pigache, Rene Rosoux et Christian Pacteau (Pygargue Productions, 1988)


 

USURE

Le temps cisaille la peau craquelle les rêves lacère les lèvres vergeture le désir déchire l'éphéméride des plaisirs oubliés néantise les orgasmes mais cicatrise les amours encense la tendresse Le présent embaume le passé Mais mille années lumières ne suffiront pas pour te désaimer

Paris, 28 septembre © Autobiopoèmes, Amour(ette)s


 

CYPRIS

J'avoue je rêvais lunaire de ses lèvres plissées humides de rosée de ce vaporeux plaisir stellaire délicates senteurs d'épices et saveurs acides des citrons de Chypre ce plaisir palatin si profond que je m'y perdrais Mais elle ajuste son cache-sourire comme d'autre masquent leur sexe solaire aux regards cupides aux avides désirs aux caresses liquescentes Baiser reste tabou animal caverneux Cupidon débande son arc Et je reste là avec les ombres les flèches et la mort qui tue tout bas


Paris, 29 septembre © Autobiopoèmes, Amour(ette)s


 

JE T’AIME SANS LE DIRE



Dans l’abandon du temps

j'écorche le jour le dorlote la nuit La nuit reste miel elle endouce le jour friandise l'acide J'attends parfois en grabouillant que tu te lèves sans bruit m'enlaces par derrière

insouciante de mes mots embrasses ma nuque laisses tes mains glisser

sur ma poitrine

glisser sur mon ventre

glisser

vers nos secrets

se faufiler

pure dans la mélancolie de l’aube

s’en mêler

chanceler

Viendras-tu dans ce petit jour fade et blafard qui m'arrache à la nuit apaiser mes peurs aurorales envoler mes doutes entendre mes silences murmurer mon amour


Paris, 14 novembre © Autobiopoèmes, Amour(ette)s



 

ÉVANESCENCE PROGRAMMÉE

Il ne reste rien seul ton regard sur les êtres sur les choses sur le monde ton amour luminescent qui dessine les ombres fugaces du jour les contours éphémères du rêve Je t'aime sans savoir le dire à peine l'écrire sur une nappe de lune où se renversent les vins et les corps S'il ne reste rien qu'un verre en partage et deux corps floutés en voyage enclos dans un rêve en ce divin enfer s’il ne reste que toi la vie comme une évanescence programmée

Paris, 19 octobre

© Autobiopoèmes, Amour(ette)s


 


L’ATTENTE II



Tendre

attendre

s’apprendre

s’éprendre


Mais se méprendre

se désapprendre

jusqu’à s’épandre

jusqu’à se pendre


Car je ne suis rien

qu’escarpe

de chemins creux

de brumes lourdes

et d’amours

sabordées

sur l’autel d’alcools frelatés

et ses cadavres de sacrifiées


Il pleuvra demain

les jours d’après

à coups de foudre

sur mes amours à dix sous

à dissoudre mon cœur hémolysé


Quand tu seras dégrisée

la vie ne sera que cendres

engrisera décembre


Mais si tu dis le mot

alors tu peux m’absoudre

m’alchimiser


m’aimer


peut-être


Paris, 19-20 octobre © Autobiopoèmes, Amour-ette-s


 


CORSICA

Mon jardin serait d'agrume de figue et de vigne il aurait le parfum du soleil et du vent des saveurs entre mer et montagne les nuances et la fraîcheur de l'anis et de l'orgeat J'y mourrais d'amours polyphoniques et de la caresse du libecciu ou du velours de ta peau d'overdose de tes lèvres Ô ma muse insoumise

Patrimonio, 1er novembre

© Autobiopoèmes, Amour(ette)s



RÊVERIE AU LINCEUL



Flibustier de mansarde

à corne de smog

aventurier de vide-grenier

à chapeau de paille et sandales

pirate en péniche

côté cour côté jardin

je m'incruste dans tes rêves

de dentelle safranée

de sirène satinée


Je vais à la conquête

de ta toison

d'or

d'ébène

ou bien d'écume


Le galbe de ton sein

électrisera mes sens

je serai près du naufrage

à la caresse de ton indécence

tes reins en oriflamme

j’embrasserai ton insolence

tu m’enflammeras

jetteras la rime tout au large

et la rage dans mon sillage


Je voguerai sur les nuages

j’irai flirter sur l’horizon

m’enrhumer

casser ma pipe de brumes grises

par-delà les dunes

les ciels

les mers

les lagons

les archipels

les barrières

de corail et leurs prisons


ton visage sur les voiles

ton amour comme un voile

Longues-sur-Mer, 4 novembre

Paris, 10 novembre © Autobiopoèmes, Amour(ette)s


 

PHŒNIX



Tu bouleverses les anges

domptes les démones

mi-fée

mi-sorcière

le silex de ton rire étanche mes larmes

efface mes angoisses

les soupirs dans tes yeux

aliènent mes doigts à tes fentes

à tes failles

amarrent mon cœur à ton ventre

à tes entrailles


* * * * * * * * * * * * *


Incorrigible

je pense à noircir

écorner les pages

de mon cahier d'écolier

cambrer les lignes allemandes

tu ne m’en laisses ni le temps

ni le philtre

tu jalouses mes muses

mes mots et mes silences

je ressasse ma peine enlourdie de galets

l’âme en Coup de Vague


* * * * * * * * * * * * *


Tu tournes le dos à l’amer

ton enfer insoumis

est de rose et de bleu

à noyer le soleil


* * * * * * * * * * * * *


Ma plume danse

épouse les courbes

de ta nuque

de tes lèvres

de tes seins

de tes reins

de tes lèvres

de ton cul

uniques et libres


* * * * * * * * * * * * *


Je n'y vois que du feu

de ces flammes ondulées

de cet amour fébrile

qui me consume

me transcende

m'encendre

m'ensorcèle

m’ensaline

nuit et jour

me harcèle


* * * * * * * * * * * * *


Tu m’emprisonnes

et me libères

Tu m’assassines

me ressuscites

Tu me fais fleur-oiseau

Phœnix


Paris, 22 novembre © Autobiopoèmes, Amour-ette-s


 


SENS


J'emprunte les chemins de caresses me faufile entre les lignes de ta main signes du présent plus que du destin les isoplèthes de tes seins doux ballons d'Alsace ou d'ailleurs les vallons de ton aine lascive les failles où je m'engouffre lucide

Détour par les courbes de tes reins où s'endoucent la rondeur de mon ventre je m'abreuve aux pores de ta peau y suinte l'insolence du désir aux veines sombres d'où s'échappe un vin de guigne et d'adventices tu distilles le venin d'amour à enivrer les regs la nuit du doute à irriguer mon Désert des Peines à transformer en vertus tous mes vices

Que le soleil ne fane la rose que le vent n'assèche sa rosée j'emprunte les chemins de traverse entre eden et enfer sans penser au retour à ses grises certitudes


Je succombe à l'écarlate explosion du désir martelant mes tempes sous le velours de ta peau l'ivresse épicée de tes cheveux le sucre de ton sourire et l'incandescence de ton regard

aimer autant que vivre

Paris, 8 décembre © Autobiopoèmes, Amour-ette-s


 


SIREINES




Sur la crête rose des nuages se pose deux fois trois sirènes moitié brunes et moitié blondes six ailes noires déployées six ailes d'or repliées six corps écaillés aux reflets d'arc en ciel six reines moitié célestes moitié sourcesques

Fallait-il que je fusse terrestre Dervos dieu édénique déchu esprit enchainé au chêne pour aimer d'amours platoniques ces sireines maures et nordiques

Il me reste les nuages parfois le soir et leur crête rose

Paris, 10 décembre © Autobiopoèmes, Amour-ette-s


 

SENS DESSUS-DESSOUS SANS DESSOUS DESSUS




Ton parfum de soufre ta main gauche sur mes lèvres ton souffle ardent sur ma nuque accélère tes seins subulés me caressent le dos

essaiment leur velouté ton ventre et tes cuisses enserrent mon prose

leur saint dessein ne dessine aucun doute tes doigts agiles ne restent pas en place – mon cul ne te tourne pas le dos même s'il a dis-tu tout craché la rondeur de la face cachée de la

lune – tes doigts dis-je ne me laissent pas de marbre à s'activer sur ma peau hérissent mes plumes – c'est bien toi qui soutiens gorge déployée que je suis volatile et même un drôle d'oiseau – et ta toison et pas que tes doigts dis-je frôlent dilatent chatouillent serrent érigent se font velours titillent

chatonnent lacèrent cajolent digressent tigressent m’échauffent

m’enfrissonnent me brûlent

me cuisent

jusqu’à me laisser dévorer par tes lèvres Tout implose explose pose

Gemitus voluptatis nostrae surgit ad septimum caelum sub gregali plausu telae nautarum *

Pause

* * * * * * * * * * * * *


Souffles coupés silence forcé grimaces immobiles grâces inaudibles Flash Instantané de bonheur instagramé

en lumière tamisée quelques minutes d'éternité d'éther mité car la faute au griffé photographie surexposée sextapée zoomée contreplongée sur nos parcelles génitales sur nos géniales examours maures morigénées

snapchatées

revengepornées buzzées

webcamisées

photoshopées

versifiées censurées J'aime comme tu m'aimes même si les mêmes causent même si leurs mèmes-mêmes nous indiffèrent

et ne nous mèneront jamais à la haine


Paris, 18 décembre

HB © Autobiopoèmes, Amour(ette)s



Traduction très libre en très bas-latin de :

Le gémissement de notre plaisir s’élève au septième ciel sous les applaudissements grégaires des internautes.


 


LA DAME BLANCHE



Elle me vint nue dans l'irradiation de sa peau vêtue de son infinie chevelure sélénale

et du parfum d'une rose rose pâle les mains vides le cœur dilaté d'un amour léger sauvage et libre

Frissonnant dans l'ivresse crépusculaire entre les virevoltes des lucioles je posai sur ses épaules une mousseline d’albe soie

Désarmante et sublime avec délicatesse elle m'offrit ses mains

le céleste de ses yeux le sucre de ses lèvres le velouté de ses seins

l'antre de ses rêves

et de ses vertus

Elle m'allongea sur un lit de mousse et d'osmondes nous disparûmes si longtemps que la mémoire torturée des menhirs et des coudriers n'eut cure d'en préserver l'empreinte J'en fus carbonisé atomisé réduit en cendre à la poussière

Lorsque je revins à la vie sous une table de granit gris dans la brume d'un petit jour fade elle s'était évanouie il ne me restait que l'ombre claire d'une douceur inespérée insaisissable pourtant Au loin très loin le chant cristallin des fées comme unique mémoire

Il se raconte parfois les soirs gris d'hiver lorsque le châtaignier crépite dans l'âtre qu'une enfant aux cheveux d'or

aux yeux de brou

danse sur la lande en lune pleine

et chante la folie

la fulgurance amoureuse

entre sa blonde mère

et le mortel aux yeux bruns



Paris, 2 janvier © Autobiopoèmes, Amour(ette)s



 


EXIL



La garance de tes lèvres

en croissant de lune sanguine

réfute le vide d’une aube à empâlir les étoiles


* * * * * * *


Dans le ciel de tes yeux

se mêlent l’incandescence d’un lever de soleil

et l’indécence du désir

au réveil de ton ventre empalé


* * * * * * *


Sous les cendres de ma mémoire

ton souffle ravive les tisons

alors revivent nos ardeurs hivernales

comme en rêve enluminées les promesses d’avril


* * * * * * *


Annonciation d’iles vierges et pascales

parfumées et sucrées


* * * * * * *


Tu me prends entre tes mains

à l’étal d’un baume au bois de rose

sensitif je me rends entre sac et ressac

la nuit succombe au charme caressant de la flamme et de la guitare


* * * * * * *


À l’aube indésirable

Le sublime venin de l’hellébore

me salive d’un plaisir délétère

met en valse mes fols maléfices


* * * * * * *


En cet épineux paradis

sans échappée belle

les échardes foisonnent

percent le derme

safrané

les roses chardonnent


* * * * * * *


Roses la traverse à l’horizon

et l’avide regard lingual au bouton

rose le voile de dentelle ou de satin

roses tes seins qui me pardonnent

rose ta langue qui m’enfrissonne

roses tes cuisses qui m’emprisonnent

rose ton sexe qui s’abandonne

roses les sables où tourbillonnent

les âmes synchrones

et les amours brouillonnes


* * * * * * *


Dans ce matin qui patine

où s’ondulent les dunes

les lignes s’encourbent

il n’est de cadence que celle effrénée de tes hanches

il n’est de danse que celle de nos corps que l’envie papillonne


* * * * * * *


Doux est l’exil choisi de ton cœur-oasis

Paris, 25-26 janvier

© Autobiopoèmes, Amour(ette)s



 



PURPLE EYES AND LICORICE LIPS


Le jour sombre

c'est l'heure où tes yeux s'enciellisent

s'empourprent

et qu'y naissent les étoiles


Ton absence fêle mon cœur de verre

je ne suis que frêle mais tu me crois fort

tu me crois chêne et je ne suis que prêle


Là-bas

au loin

pour d'autres plus beaux

la coupe de pinot noir

aux arômes de cuir et de myrtille

teinte de réglisse tes lèvres


Alors

à serpenter par mes veines

à hanter mon cœur

ton amour encre les sous-bois de ma mémoire

envenime jusqu'à ses recoins sordides

jusqu'aux sales regrets

en l'obscur de mes rêves


Promis

même tard

je penserai à te dire je t’aime


Paris, 31 janvier

© Autobiopoèmes, Amour(ette)s



 


SAINT·E VALENTIN·E

- Je t'aime ! - Je t'aime, je t'aime, je, je, je... Ne peux-tu donc penser autrement qu'avec je ? Je existe-t-il sans l'autre ? - Mais mon amour... - Mon amour, mon amour, mon, mon... Ton amour est-il sans l'amour de l'autre ? - Nous nous aimons... - Voilà, simple comme bonjour, mon amour ! - Mon amour ? Cupidons, cupidons !

Paris, 14 février

© Autobiopoèmes, Amour(ette)s


 


SUR LE FIL




J'aime ce qui ne tient qu'à un fil le funambule suspendu à son rêve le reflet des étoiles filantes dans les yeux de l'enfant l'eau torrentielle où je lave les scories mémorielles la caresse boisée de mon pupitre à l'encrier vide ma plume futile libre dans son humilité les jours qui défilent et l'amour qui s'éternise l'espoir qui s'accroche aux barbelés comme la laine au plus chaud de l’été la perle de rosée à celui de la vierge prémices bleutés de l'aube la soie que je tire avec malice en dévoilant ta peau ton miel sucré sur ma langue et mes lèvres nos draps de la nuit à sécher en plein vent la vie qu'en Ariane tu m'offres pour fuir mes minotaures à l'anglaise entre lune et dunes et traverser les mers et même le plomb pour me garder les pieds sur terre là où se rompt ma raison implorer l'aiguille à tes doigts pour cicatriser l'âme ou m'endormir pour mille ans et puis le rideau qui se refermera sur scène quand j'abreuverai ma bouche de cette eau-de-vie de cidre à bruler les entrailles et déviderai notre histoire au rouet des vieilles parques J'aime ce fil de chanvre et lin qui sublime mon néant Je t'aime


Sur un fil


Paris, 18 février

© Autobiopoèmes, Amour(ette)s



 


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