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  • Photo du rédacteurHenri Baron

AUTOBIOPOÈMES - Chansons

Dernière mise à jour : 18 avr. 2022

Textes écrits de 1986 à aujourd'hui


2019

Pour que chaque jour scintille Des mille étoiles de tes yeux Pour que chaque jour distille Tendresse amour et merveilleux Qu’en ce début d’année nouvelle Nous en soyons enlumineurs Semons au vent nos étincelles Chaque jour nos petits bonheurs

Longues-sur-Mer, 1er janvier © Autobiopoèmes - Chansons

 

LA DÉESSE AU SANGLIER

J’aimerais si je meurs, que mon ciel flamboie, Comme un retour aux fées, folies de ma genèse Qui venaient, chaque soir, danser par douze ou treize, Nues et libres sur les rives de mon émoi. J’aimerais si j’ai peur, revoir leurs yeux de braise, Avant que de venir mourir au fond des bois Qui bordent joliment la paisible Semoy, Remerciant enfin mes ardentes ardennaises. J’aimerais si je meurs, que ce soit à l’aurore, Après une nuit folle à goûter de leurs corps Sur l’infernale flamme, ivre-mort de bonheur. Si douce serais-tu, mort, si tu venais là Me prendre sans un cri ! J’aimerais si je meurs, Que ce soit à ta bouche, ô Diane Arduinna !

La Rochelle, 7 janvier © Autobiopoèmes - Chansons

 

SANS TOI

Que la vie est longue Sans toi Je rêve d'île exsangue S’y perd mon ombre oblongue En toi Ciel sans carcan ni gangue Que la vie est triste Sans toi Je peins des tourbillons Voile mon âme autiste De toi Je rêve en papillon Que la vie est sèche Sans toi Je crée des oasis Bohème mon cœur rêche Pour toi Poème en catharsis Que la vie est mièvre Sans toi J'enlumine des traces Avec mon sang ma fièvre Feue-toi J'illumine tes grâces

Paris, 14 janvier © Autobiopoèmes, Chansons


 

VERT DÉSESPOIR

à Glenmor

Il noie sa complainte Et sa verte peur Aux folles vapeurs De l’amère absinthe « J’y cherche l’espoir La force de vaincre Les pleurs et la crainte Mes cauchemars noirs J’y cherche l’amour Ma terre promise La femme insoumise Mes nuits et mes jours » Mais sa quête de lune S’achève en soupirs De rêve en délire Ô cruelle infortune Il voit le printemps Dans la coupe vide Mais pâle et livide Titube en chantant Les cris d’impuissance D’un monde inutile Ses putains serviles Mon inexistence

Rochefort-sur-Mer, 9 février © Autobiopoèmes, Chansons

 

1628




Rupella brise-cœur, brise-vague de haine,

Remparts préservatifs, tours phalliques dressées

Sur le prude océan, garde-côtes gercées,

Croulent tes falaises Rupella ma hautaine !


Rupella cœur de pierre en alcôve de reine

Que dénudent les vents – combien t’ont caressée ?

Les fausses illusions dont les flots t’ont bercée

Sonnent bientôt le glas, Rupella ma sirène !


Rupella sombre veuve à l’insolente enceinte,

Insoumise cité, écoute la complainte,

Sur les flots déchirés, des tempêtes encor.


Rupella pierre noire, à l’amour endeuillé,

Je couvre tes veines d’écarlates œillets

Dans la nuit d’amertume où sombre ton vieux port.



La Rochelle, 13 février

© Autobiopoèmes, Chansons


 


LOVELESS


You seduce me desireless You invite me envyless You forgive me soulless You live with me loveless

Chorus And you wonder why I fell from the sky I’m the Loch Ness I’m the deepness I’m the darkness

You inspire me rhythmless You caress me sweetnessless You hug me tenderless You live with me loveless

Chorus And you wonder why I fell from the sky I’m the Loch Ness I’m the deepness I’m the darkness

You magnify me colorless You glorify me winless You taste me magicless You live with me loveless

Chorus And you wonder why I fell from the sky I’m the Loch Ness I’m the deepness I’m the darkness


You kiss me tasteless You suck me bloodless You fuck me pleasureless You say loving me maybe but loveless

Chorus And you wonder when I’ll fall from seventh heaven I’m the Loch Ness I’m the deepness I’m the darkness




Paris, le 23 novembre 2020 – 4 mars

© Autobiopoèmes, Chansons



 

MÊME PAS PEUR



J'ai peur de moi j'ai peur de toi j'ai peur de tout j'ai peur du loup qui chaque nuit hurle à la mort hurle à l'amour j’ai peur des remords des comptes à rebours des chasseurs à l’affût des lames qu’on affute j'ai peur du môme qu’on raffute que je fus que je suis que je fuis qui me supporte qui m'insupporte des retours de bôme j'ai peur des portes que l'on claque de ces bruits tus de ce qui tue à petit feu j'ai peur des claques que j'ai reçues celles qui sifflent tu l'as voulu celles qui griffent celles qui dégriffent l'estime mon cul tu as laide haleine j'ai peur d'être beau coup trop petit j'ai peur de qui me toise de ses maudits mots de haine mots de peine des rires de hyène des hiers qui trainent jusqu’à demain j’ai peur d’être laid au milieu du beau et de me ressembler j’ai peur du lait qu’on laisse déborder j’ai peur du gamin baronnet baronnette oublié en chemin j’ai peur des piécettes dans le porte-monnaie du tricot marron de l’écharpe et du bonnet faits main faits maison j’ai peur de l’été de ses amours mort-nées de te laisser l’ardoise j'ai peur des corbeaux sur un champ de blé d'Auvers sur Oise j'ai peur de Vincent quand il abuse de la boutanche d'absinthe et du couteau qui tranche l'oreille du peintre de ces perles de sang qu’on enfile en collier et tâchent les souliers de la corde à la branche de tes vers de tes ruses de tes hanches de sainte j'ai peur des heures et des ans qui fusent des aubes blanches quand fond la banquise des aubes grises de mon vieux cœur qui s'éthernise et de ce chœur froid de l'église ou trône derrière l'autel de l'Est trois croix de fer et vos prières les croix de feu de vos enfers j’ai peur de Charon j’ai peur de l’hiver du temps qui passe comme de la peste des saints de glace j’ai peur des pieux j'ai peur des dieux qui trépignent de rage j’ai peur de tes cieux où gronde l’orage du pire et du meilleur de ne rien plus voir qu’un factice ailleurs dans le grand miroir aux alouettes plumées j’ai peur des soldats des miradors dorés des marches au pas des tambours des clairons des partis modérés j’ai peur de l’absence que tout s’efface qu’il ne reste rien qu’un face à face entre vide et néant la tête sur l’échafaud j'ai peur du vrai j’ai peur du faux s’ils sont malséants de ta peau mordorée j'ai peur de tes seins offerts bien céans j'ai peur de tes reins et de ton sexe béants j'ai peur de tes peurs je n'y peux rien elles m'angoissent à cheval entre bien mâle et malheur j'ai peur de tes pleurs à porter la poisse et frissonner de beau j'ai peur de danser au bal des gitanes de ton corps élancé sous mes yeux pyromanes j'ai peur de tes jambes et du ventre qu'elles tiennent j'ai la langue qui tremble quand elle frôle la tienne j'ai peur de mes sens et de tes amulettes de laisser sur l'essence tomber mon allumette j'ai peur du temps qui se perd qui se gagne j'ai peur du vent au mât de cocagne j'ai peur de la fin moins que du début j’ai peur du refrain d’être mis au rebut éradiqué comme une teigne j’ai peur des étoiles qui filent des astres qui s’éteignent j’ai peur du grand lavoir aux souvenirs rincés j’ai peur du fil de l’eau j’ai peur de l’au-revoir du cri des oiseaux vautours sur ma charogne j’ai peur de ne plus te voir de mon œil d’ivrogne j'ai peur des gares où les amours volés s'égarent en trains de jour en train de jouir j'ai peur de mon désir j'ai peur pour ton plaisir j’ai peur de trop aimer en si haute voltige ce verre déjà bu j’ai peur de te paumer sans ton équilibre d’être pris de vertige de tomber du fil j'ai peur d'être libre d’errer de champs en villes livré pieds et mains liés au linceul d’être embaumé j'ai peur de la foule j'ai peur d'être seul sans elle sur une île déserte et hostile de la pierre qui roule et des nécrophiles j’ai peur de souffrir quand tu me mords j’ai peur de la mort j’ai peur de trop de bières de ta mise en bière j’ai peur du cimetière de ta douleur j’ai peur d’être homme

j'ai peur de mes peurs peur d’être comme ciels qui ont peur

j’ai peur j’ai peur j’ai pas peur même pas peur



Paris, 9-11 mars

© Autobiopoèmes, Chansons


 

LILY


Lily

love-toi

brise le miroir

qui noircit parfois

ton doux regard

déchire les brumes

dégrise tes rêves

bleuis le ciel


*


Lily

Libère-toi

laisse tes doigts danser

sur les cordes en équilibre

et ta voix monter

insolente et libre

ensorceler le monde

l’inviter dans ta ronde


*


Lily

lève-toi

méfie-toi des chasseurs

des marteaux des enclumes

louvoie parmi les peurs

déploie tes ailes

tutoie la lune et les étoiles et danse danse danse


*


Lily

lévite-toi

carpe diem

fais de chaque heure un poème

vers l’infini mets les voiles

mais reviens en brèves escales

chez ton vieux père

en sa jachère


*


P’tit’ Lily

my baby

forever may be not

but surely forever

I love you

Lily


Paris, 18 mars

© Autobiopoèmes, Chansons


 

FUGUE BWV 1001 EN LA MINEUR

À cause du temps qui froisse mon cœur las se ride à cause des amours à poisse des amours putrides il perd l'envie de battre de mélodier quatre à quatre saisons de ligne d'horizon en ligne de fuite il perd l’envie de donner le la l’envie de donner suite en son creux l’échalas jaillit la fugue écarlate de l’amour arnaqueur restent les stigmates quand Goliath est vainqueur

De poussière ou de cendre s'il ne reste de moi qu'un peu de ce cœur tendre s’il ne reste d’émoi qu’un amour à défendre trouve en lui le courage en arts musique ou danse d’en suivre le voyage en vers prose ou silence

On fauche au cœur ses jours est-ce de mal d'amour qu'à cela ne tienne les nuits m'appartiennent de rêve en eaux vives à vérifier les rives arrimer les vers à river les envers j'en offre en partage avec rimes et ramages à mes muses reines ô folles souveraines sur les portes du temps sur les mortes d’autan je déchire les nuages

évite l’échouage

De poussière ou de cendre s'il ne reste de moi qu'un peu de ce cœur tendre s’il ne reste d’émoi qu’un amour à défendre trouve en lui le courage en arts musique ou danse d’en suivre le voyage en vers prose ou silence

Je défie l’infortune ensorcelle la lune pour n’être qu’en cavale je ne ferai pas escale dans ce port de Rochelle aux amours trop bancales

entre mer et ciel sans pacte avec le diable je braverai l’amer et tous mes cauchemars j’invoquerai Homère sans dieu et sans amarre entre le crépuscule minuit et l'aurore sans radar ni calcul on scelle le sémaphore

De poussière ou de cendre s'il ne reste de moi qu'un peu de ce cœur tendre s’il ne reste d’émoi qu’un amour à défendre trouve en lui le courage en arts musique ou danse d’en suivre le voyage en vers prose ou silence

Je me fie aux étoiles je fais claquer les drisses je guinde la grand-voile avant qu’elle n’aigrisse la saveur des embruns n’altère leur parfum ne transforme les astres en funeste désastre je ne suis qu’en passage cingle où le vent me mène sans mensonge et même me fous de ses présages si mon cœur en déveine bat toujours la chamade elle reste de haine et je reste Sandbād

De poussière ou de cendre s'il ne reste de moi qu'un peu de ce cœur tendre s’il ne reste d’émoi qu’un amour à défendre trouve en lui le courage en arts musique ou danse d’en suivre le voyage en vers prose ou silence


Paris, 16-27 mars

© Autobiopoèmes, Chansons

 


TEMPUS FUGIT



J'ai passé trop de temps dans les greniers perdus à tamiser la poussière J'aurais dû fuir le révolu savourer le présent sur les mers déchainées


J'ai passé trop de temps sans trêve à rêvasser

la vie pas assez à vivre mes rêves

d’angesses déchues d’ivresse en insomnie

J'ai passé trop de temps

à contempler la nuit

à nommer les astres

compter les désastres

courir sur la grève

sans saisir l’escampette

J'ai passé trop de temps à dompter les tempêtes affronter les murènes J'aurais bu champagne écumé l'océan enlacé les sirènes J'ai passé trop de temps à bâtir des Versailles de sable en Espagne J'aurais dû sur les dunes décrocher mille lunes

sans lasser Loreleï J'ai passé trop de temps à m'étourdir amoureux mais en me méfiant d’elle que ne l’ai-je aimée mieux portée sur mes ailes

je n’ai plus trop de temps

Paris, 21-29 mars

© Autobiopoèmes, Chansons

 

LILY DANSE (I)


Lily clame

De son corps silencieux

Âme visionnaire

L’être irrévérencieux

Révolutionnaire

Lily clame

Lily valse

Et ses bras nus s’allongent

Loin ses poings se ferment

Révulse les mensonges

En fane les germes

Lily valse


Lily vole Et son âme éthérée Dévore la sorgue

De son corps enfiévré Consume la morgue

Lily vole

Lily donne S’abandonne à la scène

Fière hasta siempre

Virevolte sans haine

De l’aube à vêprée

Lily donne


Lily tangue Mains tutoyant le ciel

Pieds giclant le sable

Inclassable inlassable

Frêle Immatérielle

Lily tangue


Lily danse Et son corps cadencé Les sens évanouit Son rêve chaloupé Enivre la nuit

Lily danse

Lily danse


Paris, 19 avril

© Autobiopoèmes, Chansons


 

POUR UNE AMOURETTE

Dans les champs d’asphodèles Je vois venir la pluie Avec ma douce belle Je vais danser ce soir Au loin nuages gris Valsez la lune luit Vibre chant de la nuit L’amour est ton devoir Ses robes de dentelle Et ses rêves d’enfant Malicieuse et rebelle Volent au vent de l’Est Gronde puissant orage Donne de l’olifant Roule sur son visage Gouttelette céleste Il pleut il pleut bergère Sortons sans tes moutons Les éclats de nos rires Couvrent ceux de l’éclair Et mes mièvres chansons Des cieux noirs la colère Il pleut il pleut bergère Dégrafe tes boutons Je veux ce chant écrire En t’aimant sous la pluie Et t’aimer en chanson Sous la lune qui luit

Rochefort-sur-Mer, 30 mai © Autobiopoèmes, Chansons

 

EVEN DARKER

You like it darker Beyond the border Your mind is full of soot Of where mournful thoughts shoot You like it darker Beyond the border

Chorus You want the black skies Concealed to his eyes The dark side of the moon The darkness instead of the noon

You like it darker Beyond the border With the same shame With the same blame Unspeakable to your lips Sharped as tin snips

Chorus

Sixty-nine shades of musk Wedding of dawn an dusk Night of ink and anvil Entwined angel and devil You like it darker Beyond the border

Chorus

You like it darker Beyond the border Sempiternal absence Shameful absinthe Foul love in zinc Insatiable abstinence

Chorus

But you love him anyway on any road any path Without revenge without wrath And you love him anyway on any sea in any dream Even if it's a nightmare or a stormy stream Beyond the endless border You love her even darker Unspeakable to your lips Sharped as tin snips Concealed to his eyes You want the black skies Where you unfold your ebony wings Raised by infernal winds You want the dark side of the moon The darkness instead of the noon And you have no word And you have no lord

Chorus

 

NONANTE NUANCES NOIRES

Tu l'aimes encore plus sombre Au-delà des frontières Ton âme est de suie Aux pensées funèbres Tu l'aimes encore plus sombre Au-delà des frontières

Refrain

Tu veux le ciel noir À ses yeux dérobé La face cachée de la Lune Les ténèbres au milieu du jour

Tu l'aimes encore plus sombre Au-delà des frontières Avec la même honte La même censure Indescriptible à tes lèvres Aiguisées comme une lame d’étain

Refrain

Nonante nuances noires Noces noctambules Nuits d'encre et d'enclumes D’anges aux démons enlacés Tu l'aimes encore plus sombre Au-delà des frontières

Refrain

Tu l'aimes encore plus sombre Au-delà des frontières Sempiternelle absence Insoutenable absinthe Amour fétide en zinc Insatiable abstinence

Refrain

Mais tu l’aimes qu'importe le chemin Sans vengeance ni colère Sur toutes les mers dans tous tes rêves Même si c’est un cauchemar un impétueux torrent Au-delà des frontières sans fin Tu l’aimes encore plus sombre Aiguisée comme une lame d’étain Indescriptible à tes lèvres Invisible à ses yeux Tu veux les cieux noirs Où tu déploies tes ailes d’ébène Porté par le souffle de l’enfer Tu veux la face cachée de la Lune Les ténèbres au milieu du jour Tu n’as pas la parole Et tu n’as pas de dieu

Refrain


Paris, 10 octobre (version anglaise)

Longues-sur-Mer, 2 mars (version française) © Autobiopoèmes, Chansons

 

LOVELESS


You seduce me desireless You invite me envyless You forgive me soulless You live with me loveless Chorus And you wonder why I fell from the sky I’m the Loch Ness I’m the deepness I’m the darkness You inspire me rhythmless You caress me sweetnessless You hug me tenderless You live with me loveless Chorus And you wonder why I fell from the sky I’m the Loch Ness I’m the deepness I’m the darkness You magnify me colorless You glorify me winless You taste me magicless You live with me loveless Chorus And you wonder why I fell from the sky I’m the Loch Ness I’m the deepness I’m the darkness You kiss me tasteless You suck me bloodless You fuck me pleasureless You say loving me maybe but loveless Chorus And you wonder when I’ll fall from seventh heaven I’m the Loch Ness I’m the deepness I’m the darkness




Paris, le 23 novembre – 4 mars

© Autobiopoèmes, Chansons

 

ET TU ATTENDS

Tu pleures les rimes du temps Et tu attends Tu pleures le cœur du printemps Et tu attends  Tu pleures au ciel de l'aurore Attends encore Tu pleures les rides du corps Attends encore 

Tu pleures les fleurs de l'amour Attends toujours Tu pleures de soie de velours Attends toujours 

Tu pleures feu la tendresse Attends princesse Tu pleures le feu des caresses Attends princesse

Tu pleures contre mon épaule Va n’attends plus Tu pleures la mort qui te frôle Vis n’attends plus

Paris, 16 mai Autobiopoèmes - Chansons

 

BONNE NUIT

À califourchon Sur la lune rose Trois petits cochons Effeuillent une rose Entre deux étoiles Et dix bananiers Une grande toile Tisse l’araignée La cigale folle A mis le boxon La fourmi s’affole À coups de klaxon Le chat roux le jour Mistigri la nuit Pattes de velours Miaule son ennui Car la souris verte Lassé de son trou Par la porte ouverte Part à Tombouctou Sur le dos d’un squale Ou d’une baleine Hissons la grand-voile Vers les Kerguelen Peu importe l’âge Prends ton baluchon Partons en voyage Comme patachons Au bout de tes rêves Camille jolie Quand l’histoire s’achève Faut aller au lit À califourchon Sur la lune rose Trois petits cochons Effeuillent une rose Au bout de tes rêves Camille jolie Quand l’histoire s’achève Commence la vie

Saint-Xandre, 17 mai © Autobiopoèmes, Chansons

 

"DE LA MUSIQUE AVANT TOUTE CHOSE"

J'aime la ronde Et ses deux blanches Me dévergondent Mon cœur tu flanches

J'aime la ronde Ses quatre noires Qui vibrent grondent Dans ma mémoire

J'aime la ronde Et ses huit croches Qui vagabondent À mes galoches

J'aime la ronde Mains sur les hanches Douce gironde Tu m'avalanches


J'aime la ronde Jubilatoire Ma mappemonde Terre illusoire

J'aime la ronde Sans anicroche Albe joconde Médianoche

J'aime la ronde Pauvre gavroche Et j'exaspère Les vieilles cloches

Longues-sur-Mer, 26 juillet © Autobiopoèmes, Chansons

 

PRIÈRE À PHŒBUS


Le soleil, lentement, glisse sur l’horizon, L’éther bleu s’étoile de mille amours naissantes, Mille Astarte flammes en mon cœur caressantes, Mille Marie, mille Julie, mille Lison. Pauvre Sapho, pleurant, quand nous te méprisons ; Tu cherches l’âme sœur, en vain si provocante ! Pauvre Liber, errant, quand tes folles bacchantes T’abandonnent au soir ; tu cries, seul : « Trahison ! » L’astre d’or, flamboyant, tout au loin disparaît. Dans toutes leurs splendeurs, s’embrasent le ciel et L’océan qui berce les morts sans sépulture. Pauvre âme sans passion ! Peux-tu vivre sans moi ? Que dois-je comprendre de ta désinvolture ? Entends ma prière, ô Phœbus, immole-moi.

Saint-Hilaire-de-Riez, 25 août © Autobiopoèmes – Chansons

* Je n'ai jamais vraiment tranché mes doutes sur ce dernier vers :

Entends ma prière, ô Phœbus, puis oublie-moi.


 

EXELLE

Des abysses de ma mémoire Je lis dans ses yeux verts Comme en un vieux grimoire  Je trime de travers Rime de mauvais vers

Seul saoul sous le pont Mirabeau Je ne suis pas Verlaine  Ni même un mi-Rimbaud  À peine un vieux Silène  Épris d'une sirène

Les passants cent ans passeront Sans remarquer ma tombe Leurs pas résonneront Dans mon âme hécatombe Aux amours catacombes

Si l'une lit mon épitaphe Vieille chanson paillarde C'est qu'elle est soulographe Ou mocharde ou pocharde Sous la lune blafarde

Paris, 1er septembre © Autobiopoèmes, Chansons

 

CHANT D’AUTOMNE


Violoncelles et contrebasses J'espère en vous de guerre lasse Rêves volés au temps qui passe Je vous vénère ou je trépasse Si soudain les violons s'en mêlent Et si les sanglots longs s'emmêlent Leurs songes juliens se morcèlent  Leurs vieux mensonges m'ensorcèlent Violoncelles et contrebasses J'espère en vous de guerre lasse Rêves volés au temps qui passe Je vous vénère ou je trépasse Saturne dissipe la brume Vous entre marteau et enclume Dissimulez votre amertume Sous un espoir feint qu'on rallume Violoncelles et contrebasses J'espère en vous de guerre lasse Rêves volés au temps qui passe Je vous vénère ou je trépasse Je flotte fou seul dans les cieux Les rêves flous au fond des yeux Lorsque vos doux paradis bleus Volent s'estompent peu à peu

Violoncelles et contrebasses J'espère en vous de guerre lasse Rêves volés au temps qui passe Je vous vénère ou je trépasse Par taches brunes le soir sombre Cendré sans lune sans encombre Vous n'êtes déjà plus qu'une ombre Ton amour saigne et vire au sombre Violoncelles et contrebasses J'espère en vous de guerre lasse Rêves volés au temps qui passe Je vous vénère ou je trépasse

Paris, le 22 septembre © Autobiopoèmes, Chansons

 

AUTOMNE

Quand voile le soleil, mystérieux, mon rêve, Quand les hirondelles s’apprêtent à partir, Quand bourrasquent les vents un vieux souvenir, Quand pleure le ciel un été qui s’achève, Quand les arbres semblent céder, faute de sève, Quand la plainte du temps étouffe un noir soupir, Quand les elfes des bois célèbrent le zéphyr, Quand la rousse perdrix fuit le canon qu’on lève Le venin du colchique empoisonne mon cœur : Paresse mon âme qu’enivre sa liqueur

Sous les charmilles d’or ou les vignes pourprées, Si ne coule le vin, éternelle saison, Nos âmes maudites se courbent torturées : Tu es grise et triste comme un mur de prison.

Corme-Royal, 1er octobre © Autobiopoèmes, Chansons

 

L'ENSORCELLEMENT


Oserai-je admirer le vol des nymphes nues, Gracieuses dans l’onde azurée, transparente ?

Oserai-je écouter cette plainte enivrante, Lorsque l’aube étincelle et monte vers les nues ? Verrai-je à temps venir la mort simple et cruelle Qui rôde sur le fleuve et revêt tour à tour De beauté l’artifice, et ses plus laids atours, Comme montant du port cette sombre ruelle ? Ou bien succomberai-je au puissant sortilège D’une fée douce-amère, à son charme trompeur ? Boirai-je à son calice un sang noir sacrilège ? Des elfes aux cheveux d’or, drapés d’un blanc suaire, Loueront ils mon courage ou devrai-je avoir peur De mon soleil sombré dans l’ombre mortuaire ?

Rochefort-sur-Mer, 10 octobre © Autobiopoèmes - Chansons



 

VENT


S’il se lève et danse j'aime le vent

S’il vient en trouvère j'aime le vent

S’il rompt la cadence j'aime le vent

S’il ravit mes vers j'aime le vent J'aime le vent qui tourne la page J'aime le vent qui gonfle les voiles J'aime le vent qui me pousse au large J'aime le vent ses poussiers d'étoiles J'aime le vent inapprivoisable J'aime le vent qui valse les nues J'aime le vent soulevant le sable J'aime le vent son souffle ingénu


Du haut de la hune j'aime le vent Du noroit du Sud j'aime le vent Je tutoie la lune j'aime le vent Dans ma solitude j'aime le vent J'aime le vent s'il arrache l'ancre J'aime le vent s'il vole les vagues J'aime le vent s'il sèche mon encre J'aime le vent s’il flatte les algues J'aime le vent recéleur d'écume J'aime le vent qui vide la grève J'aime le vent fossoyeur de brume J'aime le vent débridant les rêves


Sous ta robe azur j'aime le vent Sur les dunes d'or j'aime le vent Comme un doux murmure j'aime le vent Hurlant à tribord j'aime le vent J'aime le vent qui emporte autant J'aime le vent submergeant le phare J'aime le vent qui balaie le temps J'aime le vent flottant au hasard J'aime le vent de rêve et d’histoire J'aime le vent déserteur et libre

J'aime le vent de grève et d’espoir

J'aime le vent quand il va qu’il vibre


Quand il virevolte j’aime le vent

S’il souffle le chaud j’aime le vent

Même désinvolte j'aime le vent Enjôleur de beau j’aime le vent

Tracy-sur-Mer, Cap Manvieux, 2 novembre

© Autobiopoèmes, Chansons


 


TERRES DE SILENCE



Tu trainais sur ces terres dont on taisait le nom pour ne réveiller ni les rancœurs délétères ni le bruit des canons

Tu rêvais d'autre ailleurs que ces foires de mort où les faux-culs-bénis et les faux-monnayeurs bradent âmes et corps

Tu trainais sous ces ciels

ta folie tes fêlures de délire en déni

le désir la brulure

des plaisirs temporels


Refrain

Tu revis tes vieux rêves

bâtis de faux-semblants tu t'assieds sur la grève

face au soleil couchant invoques tes chimères et tes démons d'antan ressuscite d’en mer les monstres les serpents quand le chant des sirènes rompt le calme céans les malsaines murènes déchainent l'océan

Faut-il taire les mots crier dans le désert toutes tes insomnies en espérer l'écho jusqu'au fond de l'enfer

Faut-il marcher sur l'eau la changer en madère à donner le tournis annoncer le chaos ou s'enivrer d'éther


Refrain

Tu revis tes vieux rêves

bâtis de faux-semblants tu t'assieds sur la grève

face au soleil couchant invoques tes chimères et tes démons d'antan ressuscite d’en mer les monstres les serpents quand le chant des sirènes rompt le calme céans les malsaines murènes déchainent l'océan

Le temps de boire un verre prendre un autre mégot de renier l'infini de tout mettre à l'envers l'amour et ton égo Ta chanson s'ankylose sous les cris les blasphèmes des fourbes baronnies le ciel métamorphose l'éden en chrysanthème


Refrain

Tu revis tes vieux rêves

bâtis de faux-semblants tu t'assieds sur la grève

face au soleil couchant invoques tes chimères et tes démons d'antan ressuscite d’en mer les monstres les serpents quand le chant des sirènes rompt le calme céans les malsaines murènes déchainent l'océan


Tu trainais sur ces terres

tes guêtres et ta haine

ton sale teint jauni

aux bourbons délétères

et tes vieilles rengaines



Tu rêvais de renom

d’un mot tendre un je t’aime

de masque en félonie

tu pensais Panthéon

tu n’étais qu’anathème


Refrain

Tu revis tes vieux rêves

bâtis de faux-semblants tu t'assieds sur la grève

face au soleil couchant invoques tes chimères et tes démons d'antan ressuscite d’en mer les monstres les serpents quand le chant des sirènes rompt le calme céans les malsaines murènes déchainent l'océan


Tu trainais sur ces terres

dont on taisait le nom

ta rancœur de banni

tes mystiques mystères

au venin du canon


Tu trainais sur ces terres

jusqu’au petit matin

ton cœur à l’agonie

ta carcasse adultère

tes rêves de catins


Refrain

Revivent tes vieux rêves

bâtis de faux-semblants toi couché sur la grève

face au soleil couchant que vainquent tes chimères que tes démons d'antan ressuscitent d’en mer les monstres les serpents quand le chant des sirènes rompt le calme céans les malsaines murènes déchainent l'océan



Paris, 22-23 novembre

© Autobiopoèmes, Chansons

 


IN ROSARUM MEMORIA



Quel est ce somptueux destin d'homme

je ne me réveillerai pas je ne suis que bête de somme pour passer du vivre à trépas


Au loin j'ai cherché des visages des sourires et des caresses je n’ai trouvé que des mirages les stigmates de la vieillesse


Refrain

in rosarum memoria

j'en ai noyé des chats dans un broc de pastis si tu veux un rachat il faut que je flétrisse

in rosarum memoria

vers ce recoin d'ébène au fond de ma mémoire où tapine la haine et tous les pousse-à-boire

in rosarum memoria

J’ai cherché sans fin le sommeil sa grâce de fée sans rancune

ses solstices qui m'ensoleillent et l’ardent éclat de la lune À la croix des affres abyssales dans le virage aigu des doutes ivre j'ai perdu les pédales

brisé nos amours en déroute


Refrain

in rosarum memoria

j'en ai noyé des chats dans un broc de pastis si tu veux un rachat il faut que je moisisse

in rosarum memoria

vers ce recoin d'ébène au fond de ma mémoire où tapine la haine et tous les pousse-à-boire

in rosarum memoria


Un fracas de verre et de tôle

ensilence ce matin blafard

putains de pertes de contrôle gerbes bleues sous les gyrophares

Soudain bouche à bouche abusée

sans folie point de compassion massage du cœur à l'arrêt vaine artère sous compression

Refrain

in rosarum memoria

j'en ai noyé des chats dans un broc de pastis si tu veux un rachat il faut que je m’éclipse

in rosarum memoria

vers ce recoin d'ébène au fond de ma mémoire où tapine la haine et tous les pousse-à-boire

in rosarum memoria


Et puis la fin sèche et brutale

dans les effluves d’indécence

l’outrance de morgue fatale

célèbre mon inexistence


Il ne te reste en souvenir que fleurs tombales à venir

et ce que tu nommais morose la folle mémoire des roses


Refrain

in rosarum memoria

j'en ai noyé des chats dans un broc de pastis si tu veux un rachat il faut que je fleurisse

in rosarum memoria

vers ce recoin d'ébène au fond de ma mémoire où tapine la haine et tous les pousse-à-boire

in rosarum memoria



Paris, 24 novembre

© Autobiopoèmes, Chansons


 

BELLE DES MAIS




Dans les creux des vagues et des vents

je n’oublierai pas de t’aimer

dans les failles de l’âme et du temps

je ne déserterai pas mais


à trop attendre on pleure on crève

comme une proie

sans un adieu

on meurt d’effroi on meurt de froid et le cœur pleut


Dans les creux des vagues et des vents

je n’oublierai pas de t’aimer

dans les failles de l’âme et du temps

je ne déserterai pas mais

à trop attendre on pleure on crève le cul terreux comme un lapin un poussiéreux un malandrin qui sent l'sapin

Dans les creux des vagues et des vents

je n’oublierai pas de t’aimer

dans les failles de l’âme et du temps

je ne déserterai pas mais

à trop attendre on pleure on crève le cœur vacille l'amour chancelle trop de bisbilles pour une fille une escarcelle


Dans les creux des vagues et des vents

je n’oublierai pas de t’aimer

dans les failles de l’âme et du temps

je ne déserterai pas mais


à trop attendre on pleure on crève on extrapole avant la crise on camisole le verre se brise d'une méprise



Paris, 29-30 novembre

© Autobiopoèmes, Chansons



 


MANIFESTE

Je manifeste Le poing levé Tu me détestes Je veux rêver Pas de vieux restes De mots pavés Je manifeste Je manifeste Toute en dépit Tu tords ta veste En Ésopie D'Ouest en Est Nos utopies Je manifeste Je manifeste Compose et rime L’ode funeste Hurle cet hymne Chant palimpseste Je vis je vibre Je manifeste Je manifeste Ne t'en déplaise De Nice à Brest Lille ou Rodez Avec un zeste De Marseillaise Je manifeste Je manifeste Pour être libre Quand tu protestes Perds l'équilibre Tu geins tu pestes Sans or ni frime Je manifeste Je manifeste Fière Commune Contre la peste Ou blanche ou brune Tu admonestes Planques tes tunes Je manifeste Je manifeste Pour nos conquis Ce qu’il en reste Drapeau brandi Pour nos retraites Fils du Maquis Je manifeste

Paris, 10 décembre © Autobiopoèmes - Chansons

 

AMOUR À MURCIE


Boudeur L’Astre du Jour n’est pas levé encor Sur Murcie Au loin L’Œil rebelle de la Nuit resplendit Insoumis Comblé Mon corps qu’à ton Corps l’Amour réunit À jamais S’endort Je rêve à nos Amours adolescentes Rassasiées Songeur Je te regarde nue sous les draps blancs Du grand lit Fougueuse Tu m’as aimé jusqu’à la lueur frêle De l’Aurore Rêveuse Tu saisis ma main la pose avec soin Sur ton cœur Heureuse Tu t’es donnée radieuse éternelle Endormie Heureux Morphée mêle et s’emmêle dans nos rêves Amoureux

La Rochelle, 31 décembre © Autobiopoèmes, Chansons

Texte paru dans la revue Mes sages poétiques n°28,

publiée par Gil Roc, Soisy-sous-Montmorency, mars 1995


 

CHANSON SANS PAROLES (OU PRESQUE)




J’ai perdu les paroles

dans le creux de mes meurtrissures

il ne reste en moi que des sons

pourquoi ne suis-je musicien

que faire de la flétrissure

de cette mélodie sans fin qui ne deviendra pas chanson

j’ai perdu les paroles


J'ai perdu les paroles

de ma folle chanson chanson d'amour chanson d'espoir

de troubadour ne restent que les vides de ma vieille passoire le fil de ma mémoire dans ces failles sans fond

des aubes livides

de ma folle chanson

j’ai perdu les paroles


J'ai perdu les paroles ma cervelle en fissures ensilence mon jardin

et ses fleurs ténébreuses où mes mots s'étiolent en sentes méandreuses du haut des marneuses

falaises sordides sur les ramures calcinées mes maux se sont accrochés ma cervelle en fissures

j’ai perdu les paroles


J'ai perdu les paroles

dans l’étreinte acide

d’une toxique amoureuse

entre la roche et le vent

entre ciel et néant

entre étoiles éteintes

il resterait la haine

les amours feintes

les faux je t’aime en jouissance ulcéreuse

dans l’étreinte acide

j’ai perdu les paroles


J'ai perdu les paroles

en lune sénile

terne prière païenne

dans ces cieux d’encre

silencieux ô fol tu m'as volé les clefs

des lourdes chaines qui me retiennent

esclave de l’ancre

au vaisseau coulé

en lune sénile

j’ai perdu les paroles


J'ai perdu les paroles

par les apnées noires

laissées filer morceler

par les sombres moires

ma mémoire en vérole

tu m’as laisser cingler

vers des îles ferventes

où les sirènes déchantent

les langues de Babel

amour-asile immortel

par les apnées noires

j’ai perdu les paroles


J’ai perdu les paroles

dans le creux de mes meurtrissures

il ne reste en moi que des sons

pourquoi ne suis-je musicien

que faire de la flétrissure

de cette mélodie sans fin qui ne deviendra pas chanson

j’ai perdu les paroles



Paris, 11-18 décembre

© Autobiopoèmes, Chansons

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