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Photo du rédacteurHenri Baron

AUTOBIOPOÈMES - Déconfin'amor

Dernière mise à jour : 25 déc. 2020


Textes écrits du 11 mai au 21 juin 2020




LUNDI 11 MAI

Si ma plume parfois vacille c’est que ma flamme est vivante et trace en lettres de soie en lettres de soi ces petits riens inutiles parcelles d’en-vies atomes d’amour

Paris, 11 mai © Autobiopoèmes, Déconfin’amor

 


MARDI 12 MAI

À l’en-vers du décor de carton-pâte tu découvres un pirate poète sans nom il te charme et t’insupporte de soleil ou de bruine de bruine ou de soleil naissent les arc-en-cieux les chants de solitude les guerres apatrides et l’infernal éclat de rire à l’empierrement de ton cœur et mon immortelle flétrissure Je suis l’écorce de la terre omise où fane la lumière l’histoire creuse et nue Je trempe ma plume dans le temple de ton corps et métaphore nos mémoires

Paris, 12 mai © Autobiopoèmes, Déconfin’amor

 

MERCREDI 13 MAI

Le crépuscule dérive J’escorte sa lente agonie blasphème les saints de glace et leurs tremblements incessants On roule sur les pierres du chemin d’érables gauge comme des gosses dans les rigoles arides Il s'accroche impuissant aux ramures infertiles où s’effilochent nos rêves jusqu’à mes matins blêmes Il incarcère l’espoir confine la lune et les étoiles Il me plait à penser que l’une d’entre elles

saura filer

Paris, 13 mai © Autobiopoèmes, Déconfin’amor

 


JEUDI 14 MAI

L’aurore fragmente mes rêves Un soleil de sang transperce la soie marine et déchire l’horizon où meurent mes amours Il monte de la terre fumante un parfum maternel maritime et funeste Ma Rochelle Notre port Les flagrances en rafales éblouissent mes sens bleuissent mon âme au-delà de l’ombre des ramures Elles bercent mon enfance sentinellent mes errances laissent aux lèvres cette saveur rance et sous les ongles la fleur de soufre qu’au petit jour cueillent les anges sinusités En cet enfer j’espère et je souffre de la douce douleur d’un troubadour perdu L’aube dévore mes rêves sur la stèle marbrée où l’insouciance agonise où le souvenir s’éparpille en atomes d’hymens L’encre s’écoule en lentes et sinueuses ravines serpente le long des veines érode l’albâtre et s’attaque au granit Il est un calvaire qui s’écroule Sous cloche en silence je m’éloigne du rivage liquéfié mon sang d’encre dissoutes tes amoureuses promesses derrière le masque inaudibles Pari perdu Ton Paris Notre vie Notre éternité ricoche sur la crête des vagues ou danse sur la cime des sorbiers et des charmes Les falaises s’effritent et s’embrument résistent aux vents contraires Cette mer de nuages vogue de rêve en vers enjambe sans césure les amours mortes et ressuscite au bord de l’abime l’âme des hemmes amoureux·ses Notre en-vers du décor

Notre Vercors

Paris, 14 mai © Autobiopoèmes, Déconfin’amor

 

VENDREDI 15 MAI

Face à l’immensité du ciel tu regardes la mort immobile et nue translucide tapie dans la lumière matinale Elle te guette elle t’attend

Tu la jettes à la fin des temps

Paris, 15 mai © Autobiopoèmes, Déconfin’amor

 

SAMEDI 16 MAI

Dans ces matins rêches qui respirent le ciel en ces soirs incertains quand expire le soleil tu traverses les limbes dans la transparence soyeuse et les dentelles ajourées d’un temps limpide et pur Face au miroir bleu sans tain contre la violence abyssale par la force des hiers la beauté sublimée et les transes amoureuses tu danses Tu danses jusqu’à l’extase vers un inaccessible demain

Paris, 16 mai © Autobiopoèmes, Déconfin’amor

 

DIMANCHE 17 MAI

Le réel oscille entre noir et bleu entre aube et soir Plus intense est la lumière Plus précises sont les ombres Je marche cours Ces chimères obscures me poursuivent Je bute trébuche contre d’invisibles obstacles contre d’invincibles tabernacles Je ne sais qui sont ces spectres de la clarté Ils me tâtonnent tout au long des jours me tourmentent J’entends leur plainte lancinante pénétrante Je dévale les escaliers tortueux escalade les rampes aux troncs torturés assailli par ces ombres sinistres Elles rapetissent je les crois à midi disparues mais elles s’étirent quand s’approchent le soir hostiles et dissonantes Hurlement d’un loup Ululement de hibou Le jour s’éteint trompeur Les ombres d’étain s’estompent Je m’allonge harassé Le sommeil Enfin


Paris, 17 mai © Autobiopoèmes, Déconfin’amor

 

LUNDI 18 MAI

Ne crains pas le précipice il te faut marcher cheminer entre les angoisses et les fantômes de l’enfance sur la crête de vie vers où tu t’élances vaincre tes peurs en t’inventer d’autres défier les dieux et les déesses jusqu’à ne plus les croire écrire chanter danser ta propre histoire ton odyssée

Paris, 18 mai © Autobiopoèmes, Déconfin’amor

 

MARDI 19 MAI

Toi qui largues les amarres et vogues vers l’amour refuse les rivages facilement accostables Méfie-toi des mirages et des vagues nonchalantes Défie-toi des mers calmes des iles parfumées Les amours ne sont que récifs abimes et tempêtes Il faut en déjouer les dangers pour les rendre éternelles

Paris, 19 mai © Autobiopoèmes, Déconfin’amor


 

MERCREDI 20 MAI

Je déteste les chemins plats rectilignes imposteurs ou macchabées J’ai gardé de l’enfance l’amour des sentes escarpées et fleuries Celles qu’on emprunte hésitant à flanc de falaise buissonnière qui démasquent au hasard d’une percée une parcelle de mer ou de ciel un segment d’horizon parfois puzzle de l’infini Celles qu’on découvre sur la pointe des pieds piétinant le non-sens de la mort imbécile dans le silence moussu et l’indécence de vivre tout en lenteur balzacienne du parfum des essences à la mélopée du pouillot Celles des folles idylles réelles ou fictives de futurs fiévreux toujours cœur battant en courses effrénées arc-en-ciel ruisselant rouge aux joues fuites en avant Celles des illusions furieuses des sols détrempés des virages en épingles des descentes sans frein des ravines empierrées des tessons de bouteilles des chutes vertigineuses des larmes de sang des cœurs écorchés du soleil échevelé de la main qui relève des superficielles blessures des cicatrices aux entrailles J’ai gardé de l’enfance l’amour des amours

Paris, 20 mai © Autobiopoèmes, Déconfin’amor

JEUDI 21 MAI

Fragile fleur de la ville ode à la force de fendre le bitume je suis le seul passant qui s’arrête à compter les rides de ton pétale ponceau je décompte les pieds ne marchande pas la rime j’ai l’esprit poète que je ne suis pourtant

****** Je suis la trace à pas feutrés des effluves de ton cœur sous la robe courte et légère tes jambes sans fin par la fente pastel de ton corsage tes seins libres et fols allument mon regard apprivoisé ****** Tu remets à demain la fusion de nos corps tu chantes ce refrain la pulsion du départ des rendez-vous perdus sur le quai de la gare où rien ne pousse jamais ****** Seras-tu déesse de mes amours posthumes tatouées sur ta peau diaphane le verbe de nos bouches abreuvées à l’eau de vie diras-tu mes vers paroles de mort glisseras-tu le pinceau sur le vélin de tes lèvres déposeras-tu l’écarlate baiser sur la friche de mon front ****** Je quitte la fraicheur de ta jeunesse frêle et m’enfonce dans l’aride d’un été trop précoce courbe l’échine dans l’ombre et fredonne une chanson pars et surtout ne me retourne pas

Paris, 21 mai © Autobiopoèmes, Déconfin’amor

VENDREDI 22 MAI

Celui du soleil et des ténèbres Celui de la terre et ses pollutions Celui de la fraternité et des canons Celui du capital et de l’humanité Celui de l’étincelle et de la poudre Celui du la foudre et de l’embellie Celui des oasis et du désert Celui de la chair et de l’âme Celui de la flamme et de l’eau Celui du silence et des tempêtes Celui du poète et du vide Celui du covid et de la vie Je t’aime ainsi (im)possible amour

Paris, 22 mai © Autobiopoèmes, Déconfin’amor

 

SAMEDI 23 MAI

Dans ma mémoire cimetière gisent mes désirs momifiées gémissent mes amours cabossées des roses rouges coupées fanées leurs épines plantées à chaque méandre de l’âme d’amours défuntes

*******

Ma mémoire m’assomme chaque matin même dimanche je change les fleurs funèbres je gomme le sous-venir souffle sur les cendres et laisse le lichen et la mousse dissimuler le mausolée

*******

Ma mémoire mélancolise je ratisse les amours mortes au sein de ce sépulcre lugubre où s’alcoolisent les songes jaunissent les images blanchissent nos chevelures où s’envenime ma vie à caresser les chats noirs et s’enlise l’à-venir


*******

Je ne veux ni croix ni couronne ni arme ni larme seule une ancre croit me retenir du large quand l’haleine marine souffle dans mes veines je veux le vent je veux la mer j’effleure la lune et les étoiles de mes rêves infantiles

Paris, 23 mai © Autobiopoèmes, Déconfin’amor


DIMANCHE 24 - LUNDI 25 MAI

À côté d’une marelle aux parfums de ciel comme un secret subtil une confidence j’ai posé mes poésies pistils mes souvenirs d’enfance sur un banc vert de l’école tout me semblait fiable et fidèle

*******

Mais il mène la transe bâtarde ébruite mes bruissements d’elles déverse son fiel à la vieille pie vantarde aux plumes défraichies au merle persiffleur à la corneille Vichy et ses reflets fleur-bleue

*******

De ses planches rabougries il a déversé ce matin mes rêves futiles enlacés par le temps empesés par les ans j’ai renoncé aux cierges j’ai renié les vierges les infantiles amours les crimes velours et leur gloire inutile

*******

Je suis descendu dans la cour chanter ma naïve colère aux oiseaux de malheur sans attendre les vacances reprendre mes souvenances briser leur danse ancillaire

*******

J’ai mal dit la nuit j’ai maudit les anges pervers ce satané banc vert banc des enfants banc des « on dit » banc des mots dits banc des maux dits banc des bandits bandez vos arcs vos cœurs et leurs plaies bandez les voiles bandez d’envie bandez contrits je vous le dis je voue ce banc de métal et de bois aux enfers confinés à être rongé par mes vers aux hydroxydes de fer

*******

J’aimais tes humeurs humais tes amours adultères j’étais ton esclave tu étais libre j’étais vestale tu étais vouivre ah j’aimais ma plume est tarie ma page mes nuits restent blanches à jamais

*******

J’aime mésaime j‘oublie mésoublie le temps cicatrise ton cœur traitrise une vie balourde le soleil s’effiloche ma valoche est lourde

*******

La nuit noire et lumineuse l’amour la mort heureuse

Paris, 24-25 mai © Autobiopoèmes, Déconfin’amor




MARDI 26 - MERCREDI 27 MAI

On nait nu comme un ver « On est un petit bonhomme sans nom » reprenait la mère On nait nu même en hiver un après-midi d’avril le père ironisait « à la sortie des classes »

*******

Plus tard à l’école à l’envers à l’endroit ad marginem bestiaire et soleil rouge et ma clef des champs domina dominae monstres des marginalia et ma clef des chants marginal démiurge ne me quitte pas

*******

Plus tard bien plus tard on est à la marge (rouge) on écrit dans la marge (au rouge) on est en classe on partage on marine doléances la lutte des classes rouge noir et peut-être inclassable

*******

Encore plus tard on émarge quelques vers rouges noirs souvent un peu verts on partage don d’ici ou d’ailleurs d’on ou d’autres on margine estrade avant l’estran

*******

Encore plus tard encore bien plus tard condoléances on meurt un peu moins nu moins inconnu de l'univers toujours en marge et sur la margelle du puits à l’heure du dernier départ on se retourne vers vous « la classe c’est vous »


Paris, 26-27 mai © Autobiopoèmes, Déconfin’amor

 

JEUDI 28 MAI

Tu sembles morose vieux clown

*******

Je ne cèderai pas au vide au néant d’humour et d’amour je ne cesserai pas de rire tu resteras toujours le pitre qui dérides les plis du front rides de bonheur l’ansérine délivres l’âme et les lèvres

*******

Tu n’es pas mort aux roses vieux clown* * Guy Bedos (15 juin 1934 – 28 mai 2020)

Paris, 28 mai © Autobiopoèmes, Déconfin’amor

 

VENDREDI 29 MAI

Tu marcheras outre-mort outre-mer outre-ciel aux confins d’un univers que tu peuples de rêves de parcelles d’amour d’étincelles de vie tu es poussière d’étoiles S’il est un serment tu l’amignonnes tu le berces de ta voix ronde et douce tu l’achemines via les veines brulantes où s’inspire ta plume S’il est une promesse elle jaillit de ton sein tu portes l’espoir d’un demain loin d’hier tu partages le doute utile et les certitudes heureuses en équilibre sur ton fil

Paris, 29 mai © Autobiopoèmes, Déconfin’amor

 

SAMEDI 30 MAI





Ai-je trop peiné labouré mon âme trop ensemé mon cœur de tous ces mots d’amour qu’ils restent en jachère Aurai-je la patience d’attendre les moissons d’atteindre l’estive par ce chemin raide et tortueux Je t’offrirai ce bouquet de coquelicots de bleuets tresserai ta couronne de seigles et de blés Tu faucheras mes doutes me blottiras sur ton sein gommeras à mon front les sillons des chagrins

Paris, 30 mai © Autobiopoèmes, Déconfin’amor

 

DIMANCHE 31 MAI

Il est à peine le temps de s’aimer de s’offrir treize roses de se tenir par la main de s’appartenir par le cœur de river les lèvres et de fusionner les peaux que les pétales se flétrissent que les yeux se quittent déjà impatients de l’été de vierges rencontres d’autres corps à passionner d’enfers bleus à enfiévrer de cantilènes à composer d’inédits désirs à consommer de nouvelles romances à consumer dans ce titanesque brasier autodafé d’amours Sans tendresse l’amour nait s’enflamme meurt mort-né Sans tendresse l’amour n’est qu’un papillon aux ailes calcinées

Paris, 31 mai © Autobiopoèmes, Déconfin’amor

 

LUNDI 1er JUIN

Ces cadavres n’ont rien d’exquis tout va bien dame marquise votre amour bourgeois capitalise sur le sort sordide du peuple dans la mouise et le charbon et la fosse commune Le grand argentier échafaude peu importent les morts peu importe la Terre et son agonie Il pense marchés et cordons de la bourse profits rentes et dividendes confisque les richesses déconfine pour mieux exploiter covide les salaires des pauvres et remplit ses coffres d’acier Nulle place en ce monde pour la poésie la vie l'amour la liberté de penser l’humanité que vous enchainez opprimez écrasez effacez Le peuple gronde mais se tait le poète chante en sourdine insoumis asservis du vingt heures La république est en marche funèbre guerrière assassine èlebédise les corps les esprits

Paris, 1er mai © Autobiopoèmes, Déconfin’amor

 

MARDI 2 - MERCREDI 3 JUIN


La chaleur vespérale monte des rires caprins des terrasses vers les trilles stridentes des martinets En ce ciel encore bleu la lune projette sa lumière gibbeuse ses ombres capricieuses elle arrondit son sein manigance ses amours enceinte de mes songes Tu danses hésitant et sure pourtant te hisses sur les toits de zinc funambule entre deux cheminées que mordore un rai de soleil mourant Je te suis du regard le ciel se teinte de rose le vent se lève accélère la course folle d’un nuage solitaire fasciné par Dana Lune et nue volent l’une vers l’autre en une fusion cotonneuse Tu embrasses l’horizon la canopée de Paname et te mets à chanter de ta voix cristalline et nue cette mélodie sans nom qui porte ma clameur mes délires et tes délices vers le mont Parnasse Les fenêtres s’ouvrent les stores s’enclosent le ciel noircit les verres tintent les rires tour à tour engraissent et s’estompent par vagues Le jasmin embaume le soir Silence céleste Un amoureux tire un trait sur ce train lointain son amour s’étire jusqu’à la fêlure comme la corde d’acier que dilate l’ardeur de la frêle fée sur son fil D’où sort ce sable sous ses pieds de la Seine peut-être silice qui vole et valse et marchande les rêves Tu trembles de beauté tu fuis la mort et crains l’amour ou l’inverse Tu m’inspires en spirales tu musardes amuses les failles des murs où se tapissent les muses

Les murmures s’éclipsent sous les amours emmurées qui veillent cupides et guettent l’étincelle d’où jaillira la flamme à embraser tes rêves ou la flèche acérée pour ébraser ton cœur

Paris, 2-3 juin © Autobiopoèmes, Déconfin’amor

 

JEUDI 4 - VENDREDI 5 JUIN


La nuit frémit impatiente de l’aube Tu danses et de tes bras tu tutoies le ciel disperses la brume blanche et grise des terrasses du Capri’s Obscure et luminescente tu me verses un rêve mon verre se colore arc-en-ciel en mémoire mon vieux violon désaccordé grince une valse à l’envers romance colophanée Plus tu danses plus j’engrise serai-je bientôt charbonné La nuit tous les chats sont noirs Je clandestine dans ton rêve et ta transe lumineuse légère comme une gitane Après le café médianoche j’allume une Che braise ténébreuse chavire dans l’ivresse des voluptueuses volutes puis rassemble les miettes de ma carcasse ébréchée Tu refuses un dernier verre Tu m’invites à flâner dans les arcanes de ton corps ou les impasses de ton cœur Je m’écorche à ta peau traverse tes cascades tes buissons d’églantine m’engouffre somnambule en tes sombres cavernes Je me perds dans les méandres de stupre et de soufre Tu m’abandonnes à la source infertile d’un fragile et légendaire avenir Tu inondes mes lèvres d’un plaisir éméché Tu réfutes un dernier vers Morphée m’attire dans l’ivresse infernale de son velours noir bleuté


Paris, 4-5 juin © Autobiopoèmes, Déconfin’amor




SAMEDI 6 JUIN

Je ne demande pas la lune juste un rayon de miel sans pardon ni passion sans aumône ni paroisse sans graal ni fortune Je ne demande pas le ciel juste la caresse du vent sur les tourments de l’âme juste le sucre de tes lèvres de ta plume ou de ta peau pour étancher adoucir l’indicicatrisable blessure Juste un souffle de tendresse et nos baisers s’envolent vers l’archipel de nos amours arc-en-ciel

Paris, 6 juin © Autobiopoèmes, Déconfin’amor

 

DIMANCHE 7 JUIN

Ma peine étanche vide ta boutanche effet de Manche pour des amours blanches comme la page du poète blanche Manche étanche boutanche dimanche d’Avranches

Paris, 7 juin © Autobiopoèmes, Déconfin’amor

 

LUNDI 8 JUIN

Je ne vois ni ne croise personne sur les quais insensibles où se diluent tes mystères où s’évapore le parfum d’un printemps furtif Tu as avalé l’invisible horizon démasqué le soleil croqué la lune en silence et ses saints siliconés intemporels Tu te saoules de la Seine titubes chancèles te noies dans l’ivresse noire du fleuve intranquille

Paris, 8 juin © Autobiopoèmes, Déconfin’amor

 


MARDI 9 JUIN

Dans les jardins de Babel le temps suspend sa traine et je surprends l’ivresse de tes amours-délices

* * * * * * * *

Tu caresses zénithale les lèvres de tes rêves jusqu’à l’écarlate jouissance du soleil enflammé

* * * * * * * *

Je porte ton flambeau oriflamme d’or et de sang dans les arcanes galactiques où je perds âme et raison

* * * * * * * *

De ces contrées célestes où ruissèlent le miel et le vin monte le cantique païen du désir et du tendre

* * * * * * * *

Je t’appartiens tu t’abandonnes emportés par le maelström de l’enfer amoureux sous le figuier de Charybde

Paris, 9 juin © Autobiopoèmes, Déconfin’amor

 

MERCREDI 10 JUIN

La lune flemmarde ce matin Son teint blafard dans le ciel malade laisse glisser le temps laisse passer les rêves laisse penser au mystère au supplice de l‘ombre immémorielle Je la laisse panser ses plaies et sombre taciturne vers ses mers mélanomes Mon cœur lézarde ce matin

Paris, 10 juin © Autobiopoèmes, Déconfin’amor

 

JEUDI 11 JUIN

Le ciel tremble ton cœur me garde des larmes d’ébène de bleuâtres vagues à l’âme De vagues lames bleues déferlent sur ma peine et le temple infernal de tes ringardes amours

Paris, 11 juin © Autobiopoèmes, Déconfin’amor

 

VENDREDI 12 – SAMEDI 13 JUIN

Tu bâtis entre nous jour après jour pierre après pierre ton mur des lamentations ton mur d’incompréhension mur de scarifications mur d’amours sacrificielles Que restera-t-il en ta mémoire sinon des (men)songes des saoulsvenirs Ton chant mémoriel est pavé de tombes sacrées sur lesquelles ruissellent tes larmes acides barbelées Tu cherches les réponses à de vaines questions tu fouilles et tu pilles tes saints sépulcres expires les remugles d’une histoire trafiquée Ta sagesse est biaisée tu t’enlises dans l’ombre tu t’en saignes ensables et salis notre Histoire meurtris notre amour Tu te repais de mythes qui te transpercent annihilent ta force de vivre d’aimer et te complais à vomir tes reliques mitées Tu t’allies à la haine à la violence anonyme aux extrêmes hyènes à l’haleine fétide jusqu’à la nausée Tu t’enivres d’eaux de vie mais partages ton vinaigre et déverse ton fiel en ton val des morts Je réfute ton salut insincère comme un hiatus épidermique J’ai posé là mes armes et aspire à l’amour à la paix Shalom ? Salaam !

Paris, 12-13 juin © Autobiopoèmes, Déconfin’amor

 

DIMANCHE 14 JUIN

Si le vernis de tes certitudes craquèle enfin ne l’enduis pas d’une couche nouvelle Il te reste à puiser la force et le courage de cesser de geindre pour bousculer tes souvenirs décaper leur crépi fallacieux retrouver les traces effacées ôter les toiles tissées par une fausse hyptiote balayer les turpitudes les mensonges ravageurs gravés sur tes murs mémoriels déjouer les pièges tendus te méfier des légendes enjolivées des chimères emmerveillées absoudre les êtres enlaidis costumés d’oripeaux et de masques monstrueux fuir la folle fureur qu’elle soit de Médée Parsiphaé ou Lilītu esquiver la démence l’ignominie les sorts sacrificiels de la géniteuse perverse Sauras-tu avec honneur suivre le fil vital et te sortir du dédale d’une Histoire falsifiée te désinfluencer te détourmenter te désaliéner reprendre les rênes de tes rêves

Paris, 14 juin © Autobiopoèmes, Déconfin’amor

 

LUNDI 15 JUIN

Lavage de mains Lavage de mots Lavage des maux Mots à la Prévert Prés verts hâtifs Prêts vers Villejuif à vilipender le covid de sens des sens interdits Sans issue Sans soleil Sans celle qui s’ensommeille

Paris, 15 juin © Autobiopoèmes, Déconfin’amor

 


MARDI 16 JUIN

Elle pose son cœur frêle et sa vacillante mémoire sur les pentes du miroir où ruissèlent les souvenirs Sa crinière blonde ensoleille la nuit illumine l’ennui cascade insoumise sur sa poitrine bienveillante où s’adoucissent mes rides et mes regrets indociles

Paris, 16 juin © Autobiopoèmes, Déconfin’amor

 

MERCREDI 17 & JEUDI 18 JUIN

Les hauts murs masquent le soleil levant Je respire à peine l’air matinal chargé des parfums de la nuit de la ville qui fume Sur le mur d’en face timidement effleurent quelques rayons Ce qu’il reste de fraicheur peu à peu s’évapore Je reste là sentir écouter au sortir d’abimants songes le regard embrumé las d’une si longue absence interminable attente

* * * * * * * *

Enfin le soleil s’étire s’élève libre au-delà des murs dans le murmure qui monte de la rue gronde sa colère

* * * * * * * *

Un frêle rayon vacille traverse le temps et l’espace se pose sur la table les tasses de café froid ressuscite les cadavres et vrille mon cœur

* * * * * * * *

Pour son récital ultime une philomèle s’égosille son insolente gaieté grivoise transperce le silence assèche les larmes

* * * * * * * *

On vit attend rêve espère

* * * * * * * *

J’ose un cri de rage d’envie d’espoir

* * * * * * * *

Je t’aime – le mien – heurte les murs comme un écho me revient

* * * * * * * *

Le volatile enchanteur cogne à la fenêtre va vole va vers elle vers d’autres rêves d’autres amours d’autres vertiges d’autres voltige

* * * * * * * *

Elle nue immobile en silence fragile et tremblante sous la caresse du vent troublante à la fenêtre guettant le phénix d’azur et d’argent renaissant de décembre dans la moite chaleur de l’été émoi d’amours grises

* * * * * * * *

Désirs de l’aube


Paris, 17-18 juin © Autobiopoèmes, Déconfin’amor





VENDREDI 19 JUIN

D'une aurore au soir du crépuscule à l'aube d'horreur en espoir de ses vers luisant

dans la pénombre du chemin

dans la traverse du destin

il entrouvre les fenêtres

allume le verbe

enlumine les mots

désensable les rêves

ravive les amours


- Colporteur d'humanité


Longues-sur-Mer, 19 juin © Autobiopoèmes, Déconfin’amor

 


SAMEDI 20 JUIN

Enlève ta robe légère et tes dessous frivoles Ne laisse rien sur ta peau que le souffle doré du vent

qui me portent vers toi

sur ce tapis ponceau fripé


Longues-sur-Mer, 20 juin © Autobiopoèmes, Déconfin’amor


 

DIMANCHE 21 JUIN

Accord majeur Désaccords mineurs Mais encore des accords


Déconfin'amor

(je t'adore

depuis vingt-quatre heures

l'été)


Paris, 21 juin © Autobiopoèmes, Déconfin’amort

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