Textes écrits du 23 juillet 2020 à aujourd'hui
«There is a crack, a crack in everything That’s how the light gets in.» Il est une fêlure en toutes choses Mais c'est ainsi qu'entre la lumière.
Léonard COHEN in 'Anthem' (album No future)
1
Tu es ce fleuve qui coule vers son mont Gerbier de Joncs rattrapant son passé fluctuant fictif
****** Tu te fies à des sources infidèles fausses prêtresses ordaliques décontant racomptant noyant les apocryphes jugeant les hérétiques
tu t'inventes d’ancestraux arcboutants sans cesse déconstruits
tu rebâtis de faux semblants une cathédrale sans âme sur des sables de Loire envers et contre tout ****** Tu bannis le verbe rêver qu'on juge à l'envers conjugué au futur antérieur tu es ce soleil dépité par le jour tu es ce sexe de femme débandé par anamour ******* Sans te laisser endestiner sans laisser le temps succomber hurle écris peins le passé mais pour l'incinérer jusqu'à la moelle l'ensevelir loin des rives indomptées pour goûter le présent et des demains indociles
Longues-sur-Mer, 23 juillet
© Autobiopoèmes, REVER(S)
2
Je ne renie pas tes combats je sais les miens ils se ressemblent ils sont ce lien que tu sabordes ******* Tes larmes sont autant de lames acérées aux zébrures de l'éclair et même si s'y mêle un arc-en-ciel ton regard reste noir comme un soir d'orage en hiver ******* Tu laisses jaillir la foudre des fêlures ta force est faiblesse si elle s'abreuve de ton sang ta démesure est vaine s'il te faut des martyrs ******* Je n'ai pas besoin que tu dises
je t'aime
même en murmure
même pas d’un peu de justice
de ta fausse justesse
et laisse aux riches la résilience
*******
sur mon lit de mort
Longues-sur-Mer, 28 juillet
© Autobiopoèmes, REVER(S)
3
Mon silence t'est sauvage mais il est de ces mots que tu ne veux entendre ******* Il brûle sur l'asphalte d'un été blessé et sombre dans les failles de ma mémoire d'argile comme ma terre fissurée par ton soleil vorace ******* Les nuages ventrus éructent leur fiel et leurs turbulences je n'ai que ma peine fragile paternelle mais son murmure abandonné se noie sous les torrents de haine que le sol n'absorbe plus ******* Je fatigue d'être homme
Longues-sur-Mer, 12-13 août
© Autobiopoèmes, REVER(S)
4
à CM
La piscine gisant près de ces corps asphyxiés cède au silence. Coup de pompe. On savoure le clapotis des peaux blanchies par les perséides. Sous l'essaim, elle sauve ou sacrifie la pudeur. Par amour ? Les paupières lourdes de larmes, elle ne rend ni les armes ni les drames. Le bassin gris de pinot, on se farcirait bien une douzaine de tomates cerise... On n'y mêle ni le petit ni le ciel, même divins. L'arythmie des cœurs baigne dans l'ivresse à pleine bouche. Voisin, pense à changer les draps. Tu es tombé dans de beaux. Rame. On divorce pour moins d'une rime mal arrimée.
Longues-sur-Mer, 13 août
© Autobiopoèmes, REVER(S)
5
Dans les brisures du temps
il m'était douceur
de rêver tendresse
océan soleil
éclaboussures de rires
ou même sourire au miroir de mes yeux
j'aspirais à la paix
sur un tapis de mousses et de fougères
et de ma fragile falaise
laisser mon feuillage chanter face à la mer
pour des rives lointaines
l'enfance incertaine
et forcément merveilleuses
Mais les vents ont pris à revers
les voiles et les étoiles
les ivresses se sont tues
noyées dans le désaveu de l'été
jusqu'au silence insolent
jusqu'à l’écœurement
Il fallait écraser le bruissement de mon âme
Après tant d'orages
et le ruissellement sordide de mes larmes salées
le martèlement de vos pas cadencés
et la folie de vos guerres
parricides
matricides
fratricides
sororicides
ad libitum
mon sol n'est plus que pierres acérées
on le laisse stérile et le veut craquelé
même le sable n'y reste accroché
Vous m'aimez torturé
par vos incessantes tempêtes
vos folies maladives
vos meurtriers mensonges
vos envies de bûcher
Il vous faut me mêler
à vos turpitudes sans nom
Vous insultez ma peine
et mes racines à vif
Sous vos semelles impies vous emportez ma sève
Vous êtes désormais
plus humain·es que moi
Je sais la laideur de ma croûte
elle est moins hideuse que vos entrailles
J'aurais dû finir rongé par les vers
pour autant l’aubier de ma jeunesse
certes un peu gris
est encore alerte
Je suis un arbre sénile au tronc malade
miné par sa douleur sourde
et vos coups de cognée
Mais si mes branches tortueuses et nues
accueillent les pinsons
si de mes écorces mortes
éclosent des cétoines dorées
alors je m'endormirai paisible
avec quelques cœurs et prénoms gravés
jusqu’au liber
Je laisse seul·es vous autres vivre
de vos petites haines tranquilles
Longues-sur-Mer, 15-16 août
© Autobiopoèmes, REVER(S)
6
Écorcé vif je ne musardinerai pas dans tes rêves faciles je ne te laisserai pas à tes paradis pieux tes mots funérailles tes rimes mauves et tes mauvais vers Il restera le temps des regrets les sang simagrées les vents sur la grève et les rêves mauvais
où s'abreuvent mes racines
Longues-sur-Mer, 17 août
© Autobiopoèmes, REVER(S)
7
Sur le pont des soupirs jusqu'aux rêves impurs jusqu'aux portes d'enfers refermées d'un revers de Manche t'ai-je seulement dit je t'aime sans qu'il puisse en être autrement je t'aime plus d'une fois à l'infini
Longues-sur-Mer, 18 août
© Autobiopoèmes, REVER(S)
8
Les moissons s'achèvent et déjà les senteurs estivales cèdent devant le lisier sur les champs retournés sous le rire gris des mouettes assassines
le regard fixe sur l'horizon un point fictif et se fige les ombres s'allongent sous la lumière rasante les teintes s'assombrissent brun gris noir dominent en attendant l'embrasement de l'automne comme une dernière promesse Je sors de ton indifférence de ce cauchemar d'errance
Longues-sur-Mer, 21 août
© Autobiopoèmes, REVER(S)
9
Elles portent le soleil et la noirceur les meurtrissures carmines et les rancoeurs les fripes de l'aube et le ciel froissé sous les haillons d'or et le vermillon de leurs voiles
*******
Si ces sentes de lune enchainent le ciel enchantent mes rêves elles me mènent vers l'enfer j'y chemine sans elles et fredonne ton refrain de peine et de douleur de souffre en sortilège
*******
Sans ailes et sans passion stratège d'irraison tu revendiques la haine et désagrèges l'amour
Longues-sur-Mer, 22-24 août
© Autobiopoèmes, REVER(S)
10
© Autobiopoèmes, REVER(S)
11
Je vais où tu ne passes vaticines et
ensorcèles et tergiverses
je renverse mes rêves
que je tremble ou trépasse
je traverse sans trêve
les ombres qui m'embrassent
m'embrasent
je me réfugie dans la forge où ton cœur crépite
de mille étincelles
Vulcain trépigne
et tu chancèles
j'enrobe de pourpre
enrubanne d'albâtre
les amours blessées volcanisées Tu as le droit de m'ignorer là où j'arrime et grime mes rêves Tu agites l'étendard du temps du temps qui passe sans prendre son temps du temps qui te grise et te blanchit du temps qui te meurt à petit feu mon temps s'arrête où bon nous semble il ne fuit ni ne s'efface m'attend sur les sentes en lacets de l'été suspend jusqu'aux particules sensible au souffle des vents épris des arbres et des rayons du soleil allié des marées il polit le verre et le silex comble les ornières
Paris, 26-28 août
© Autobiopoèmes, REVER(S)
12
Je fulmine plus que je fume J'imagine plus que nous fûmes
(2 x 6 mots)
Paris, 12 septembre
© Autobiopoèmes, REVER(S)
15
L'écho de tes pas
résonne de nos vieilles saouleries
De l'amertume à l'écume du ciel jaillit l'encore ou l'encre de ton corps tatoué de lait de miel à la douceur de ma plume
Que la route est longue jusqu'à toi
L'écho de tes pas
raisonne nos vieux souvenirs
ceux qui se jouent de l’églantier
et des ronces traitresses ceux qui caressent les herbes folles se frottent aux champs de colza s'allongent sur la mousse et froissent les fougères
Que la route est longue jusqu'à toi
L'écho de tes pas
piétine le soleil d’automne trépigne et sonne au portail du vieil enfer de Paname ultime échappée belle où tu dévêts tes rêves des scories de la ville de l'ennui de la vie
Que la route est longue jusqu'à toi
L'écho de tes pas
qui titubent trébuchent tombent se relèvent avance vers la lumière sombre de fin du jour Tu refuses l'encore le corps à corps ses meurtrissures Sous un ciel invisible tu délestes ton échine de la haine dont les ans t'ont chargée
Que la route est longue jusqu'à toi
L'écho de tes pas
en une funeste apesanteur ondule le long de la dune Tu oublies le sable sur la peau la brulure râpeuse de ses paumes l'ordalie saline sur tes lèvres le sac et le ressac jusqu'à plus soif dans l'instant du drame
et de l’insomnie la douceur et le feu de tes entrailles
La route est si longue sans toi
Paris, 29-30 septembre
© Autobiopoèmes, REVER(S)
16
Garder le parfum de ses lèvres
de son corps
de l’amour
Ne pas se laisser asphyxier
sous les algues brunes
à l’ombre des nuages
qui fuit sur le sable humide
* * * * * * *
Après une longue marche
dans le lancinant silence des hemmes
et le fracas des vagues
sur les blocs obscurs
je pense au murmure de la mort
à votre absence bruyante
aux jours qui s’amenuisent
à la nuit qui farde ma vie
à ces cormorans sombres
portés par la brise marine
mutilant nos mystères
L’automne m’engrise
Demain l’hiver
Asnelles, 26 octobre 2020
Longues-sur-Mer, 27 octobre 2020
© Autobiopoèmes, REVER(S)
17
Tu plantes sur l'envers du décor ce qu'il faut de printemps ce qu'il faut de lumière pour faire oublier l'automne et ses petites morts lentes sa dérive sournoise vers l'hiver sa francisque et son couvre-feu
Paris, 24 octobre
© Autobiopoèmes, REVER(S)
18
Le deuil du ciel qui s'encre de chagrin
La mélopée de la mer dans le silence des rives
L'embrasement des feuilles juste avant la mort Tout m'automne m'enautomne
Longues-sur-Mer, 25 octobre
© Autobiopoèmes, REVER(S)
19
Nos vies s'entremêlent Je vois les nœuds de nos rêves et la trame tissée de nos destins
ces âmours pâles et douces comme nos draps
rouges et noires de nos batailles
Je t'aime et t'aimer suffit à mes jours
Mes nuits se souviennent des nôtres et des fantômes taiseux de notre jeunesse Qu'il vente pleuve ou soleille chaque jour pleure ou sourit à nos âmours
de nos toujours
chaque nuit nos larmes nos rires enivrent les heures les saisons
Tu m'aimes et t'aimer suffit à mes jours
Paris, 7 novembre
© Autobiopoèmes, REVER(S)
20
je ne dis rien de ma souffrance
taciturne ma vie
ensourdine les pleurs
étouffe les cris
de douleur de colère
et ma rage vaine
qui m'entremble et m'étreint
je détourne les regards
vers des soleils factices
enfante des chimères
enchante des mirages
plume des poèmes
en minuscules
enclume tes je t'aime
encre mes humeurs marines
et mes amours mineures
décline avec le jour
enrhume ma mémoire
les lèvres serrées
sur mes vers ébréchés
m’arrime à la lune
et titube minable
en ce silence éteignoir
je franchis le seuil sibyllin
de mes incertitudes
mes doutes m'étreignent
je suffoque et me débats
combats contre un ange
d'or et de brume
ou de bitume
tout se dilue dans l'automne
les ombres s'allongent
au rythme de mes bitures
sur ma ligne brisée
Bacchus funambule
face au soleil éméché
je frissonne sous son linceul
y dissimule ma détresse
la caresse mortelle
de l’hydre hivernal
et la carcasse de tes priapées putrides
le temps paresse sur l’amnésique effroi
harcèle mes souvenirs
enchaîne mes fantômes
déchaîne mes chimères
et les charognardes
ravive la blessure de n'être père
taciturne ma vie
tu ne dis rien de ma souffrance
Paris, 8-11 novembre et 8 décembre
© Autobiopoèmes, REVER(S)
21
J'ai tant pleuré des mots
démesuré les chagrins
j'ai tant pétri nos peaux
meurtri ma chair
qu'il ne reste de l'espérance
qu'atomes d'étoiles défuntes
du parfum de l'été
que pétrichor et bitume fondu
de saveur que bile des défaites
sel de nos larmes
ou sang de mort
Demain me resteront
l'appel du sens
des sens
mon dix-huit-juin
le courage de nos revanches
J'en briserai les chaines
des ancres serviles
Après-demain les révoltes
Je ne me soumettrai pas
Je dompterai le soleil
le ciel et la mer
le fiel et l'amer
Après trois nuits
de rage et d'ennui
je t'aimerai
ma re-belle
comme un cuba libre
Hasta siempre
Paris, 17-18 novembre
© Autobiopoèmes, REVER(S)
22
J'ai plus appris dans les trains dans les gares j'y ai pris plus de coups qu'à l'école
en ses cours en sa cour
Paris, 20 novembre
© Autobiopoèmes, Rever(s)
23
Toi le saigneur qui sévit aux cieux dis-toi que je suis en enfer il pleut des perles de souvenirs des chapelets des paternosters des cordes pour se pendre des chats pelés et des chiens miteux sacrifice expiatoire enfin l'arc-en-fiel
à travers le vitrail
Je plisse un hiver en été je bonimente le vieillard qui traine en mantel rouge de bar en comptoir
d’autel en prie-dieu étire ma barbe grise et pose ma pipe émousse ma bière vide mes vers mes poches ma bourse l'anamour fauche mes rêves
dilue l’espoir infertile
la mort remplit ma coupe
en rase champagne
la scène déborde
de son désir humide
au parfum d'humus
de jungle
et d'absinthe
J'ai le cœur frêle ses fêlures m'obsèdent pour rester debout jusqu'au bout du chemin je titube et je chante brise des verres hisse des voiles
chahute les drisses
et les folles versatiles
Je refoule les marins niais en marinières contrefaites je foule l'estran étranger en ce monde à ses mensonges confinés je dérive d'avril en tourmentes jalouse le soleil
satirise et blasphème
son clone jupitérien
égraine à la lune opale
ses roses trémières
à l'ombre des venelles
à l'envers des dunes
où sombrent les étoiles
Que deviennent vos amours diluviennes elles jalonnent de morsures les aubes intranquilles dévient les âmes torturées en volutes sombres trépassées sous la houle et l'écume noire éclose en l'en-bas en l'abime où s'enlisent les lourds nuages or et sang
et se noie ma romance dénervée
où se délite ma douce heureuse mauresque
et fondent mes amours éphémères
En vos veines covidées
vous dissolvez le sang de mon désir
Paris, 21-25 novembre
© Autobiopoèmes, Rever(s)
24
Mes pensées s'encièlent
s'arc-en-cièlent
s'essentièlent
J’aspire à l’éther
aux jardins de délices
au sens du partage
mais Elle…
Elle a le droit de n'y voir que l'orage d'y broyer tout le gris et le noir des nuages Comme le givre sur les bourgeons d'avril Elle étrangle ma voix et traque mes mots
en gestation Elle étouffe mes cris à l’écloserie Le goulot comme entonnoir
d'un jeroboam sans cul
en guise de bénitier Elle culbute mes rêves aculture mes berges brule ses cierges enjolivés de luxure dégoulinant de vin de messe
les fesses exhibées
sur l’autel des vierges
Elle singe mes songes la sagesse de ma folie
traduit en cantiques
mes ritournelles païennes et avorte mes révoltes
dans le mouroir de leur matrice Elle voudrait que je sourie
dans un amen sonore et franc
j'ai foi en l'humanité la sienne est de l’engeance
des gens encadencés
qui gesticulent au pas
masquent leur gout rance
et trempent leur lèvres rassies
dans l’eau bénite
engendrent la haine
heilhitlèrent
mais se parent de vertu
Elle n'aura pas ma vengeance
qu’Elle n'en espère pourtant
aucune indulgence
son futur est sombre et froid
comme le cœur du granit
Elle est le singe qui signe mes songes
Paris, 26 novembre
© Autobiopoèmes, Rever(s)
25
Altière
alba rosa
Sous l’insensible litanie
je reste l’Autre
inlassable erratique
je filme en noir et gris
des érables champêtres
empêtrés de ronces
et d’aubépine
de chemins de traverse
en versants bocagers
mes sens absorbent les couleurs
j’y diluerai ma mort
dans l’âpre douceur de l’automne
J’y piétinerai le sacré
secouerai le sable
sur ton sommeil de juste
répandrai la lumière
enflammées
de mes failles profanes
et de cette spirale inversée
naitra l’infernal éternel
Paris, 29 novembre
© Autobiopoèmes, Rever(s)
26
Quand la lumière s'évapore et ne laisse que des vagues d'ombres
j'entre en baronnie
celle des mots caressés essorés fracassés J'aimais la cave et le grenier
loin du tumulte
des tracas du monde Je sens encore l'odeur du vieux
du calcaire mouillé
des galets de charbon
et des journaux humides Le vin avait trop vieilli
il était noir ou cramoisi le sang des larmes
christiques ou pas suintaient du liège poreux
liquoreux s'accrochant au verre plus tard on se forcerait à le boire on dissimulerait sa grimace qu'est devenue la boite à chaussures cachée derrière les livres y dormaient des photos écornées d'anonymes jauni·es pourtant familier·ères à me tenir compagnie Je sortais du fatras rouillé
un vieux chemin de fer et sa vieille loco noire qui sifflait et soufflait ses derniers soupirs et la poussière d'une vie
Paris, 1er décembre
© Autobiopoèmes, Rever(s)
27
Je t'aimais comme on aime l'ange
d'arc-en-ciel éphémère
en tendre damnation
au fin fond des enfers
garde-chasse aux armes des poète·sses maudit·es mais ce soir j'ai la nausée
tu salis la mémoire
de ta colère enflammée
de tes certitudes mystiques de tes aigreurs délétères
du crépuscule au petit jour
de l'acide aux lèvres
tu t'amputes de tes plumes
les imbibes de curare
tu souilles mon amour
le traines dans la boue le piétines et l'étrangle l'asperges de benzène
l'embrases de ta haine La nuit sera glauque
elle aura la froideur du couperet
et la grâce rebelle de la peine capitale
ton Austerlitz est le pire
n’oublie pas Waterloo
Je t'aimais
comme on aime l'ange
Il faudra des lunes
pour la renaissance
Je t'aimais
comme on aime l'ange
Je t'aimerai
Je t'aime
Je t'aimai
Paris, 2 décembre
© Autobiopoèmes, Rever(s)
28
J’espère en un devenir meilleur aux arômes de café
de pain chaud
au crépitement de l’âtre
où flambe le châtaigner
Du fond de la maison
j’entendrai tes doigts danser
sur les cordes de la guitare
et ta voix céleste
faire s’envoler mes mots
de poussière et de sang
vers la voute du temps
comme en un temple profane
Paris, 3 décembre
© Autobiopoèmes, Rever(s)
29
Elle piétine libre et nue
les carlines mortes
Sous ses pas tournoie
le soleil d’hiver
Jour léthargique
Jour liturgique
Elle danse en hypnose
fascine les pentes douces
de ses yeux trop noirs
Elle dévore le cœur
des hommes
en porte le deuil
On la dit sorcière
elle tressaille
sous les flammes du bucher
Elle sent la gentiane
et la froidure des flammes
Ses bras sont ses ailes
vers ses neiges célestes
Son dieu décrée
scelle l’inconciliable
Anesthésique insomnie
Je dérêve
Paris, 4 décembre
© Autobiopoèmes, Rever(s)
30
De sable en galets
de châteaux en Espagne
elle virevolte comme neige
esclave du vent
mais libre du temps
Elle ramasse en dansant
les larmes de sirènes
caresse l’écume
Lucide et saline
elle tisse son étoile
et sa patiente arnaque à l’outre-monde
Paris, 5 décembre
© Autobiopoèmes, Rever(s)
31
Lente agonie des girons ardents
Le feu grésille
à l’intérieur
bleu glacé
Dehors la mer
embrume les vals penchés
Des spirales déchirent
le souvenir d’une valse
ou d’un vague été
Il n’est de renaissance
que des failles profondes
celle des braises
qui craquent
noires au cœur incandescent
qui se tordent
éruptent
Tu n’as même pas de raison
Tu n’as même plus de prénom
Tu danses dans les lambeaux de l’aube
Paris, 6 décembre
© Autobiopoèmes, Rever(s)
32
On me dit étrange
étranger
extraterrien
Souvent parqué en double-file
j’attends des filles déjà dérobées
J’erre dans les gares
mille pas perdus
trop tard pour le départ
Perclus d’inespoir
j’attends un regard un signe
Rien
Paris, 7 décembre
© Autobiopoèmes, Rever(s)
33
Pour mes lèvres pâles
le sourire des défaites
au petit jour pressé
et le givre de ton baiser félon
Pour mon visage d’ange déchu
ridé de tant de rires
rincé de tant de pleurs
le sceau des retraites
l’orgueil abdiqué
entre chienne et louve
Pour mon cœur aculé
la fatigue des nuits blanches
à t’attendre
t’écrire
broyer ce bleu médianoche
me noyer dans un rêve d’errance sans fin
Pour mon âme morte
les failles
d’où s’échappent mes vers
où chancèle la flamme
de mes amours chandelles
Pour mon corps désaccordé
les vagues que font les arbres dans le vent d’automne
et la voix mélancolique et grave
d’une prière païenne
Je suis presque encore en vie
Paris, 9 décembre 2020
© Autobiopoèmes, Rever(s)
34
Dans la profondeur du soir sous les écholalies du vent guette une sourde folie un vertigineux solstice qui m'engouffre dans la nuit
rédemptrice
l'horizon s'amenuise et la lumière faiblit
s’éteint
si tu es mère un jour tu comprendras mes maux le souci de l'instant l'angoisse du demain la plaie profonde invisible la déchirure éternelle
et l’amnistie qu’on implore en silence
derrière un long sentier de contrebande et de larmes
entre vases et rochers
dans les replis de brume
les errances vaines
je retourne à ma source
demain j'endormirai ma colère
riverai le temps d'un souffle
les lèvres de mes blessures
mes derniers mots
seront d'amour et de paix
d’une dérive à l’autre
je t'aime
Paris, 11-12 décembre
© Autobiopoèmes, Rever(s)
35
Je fuis suis
coupable idéal
cheffe éphèbelle
à l’ego soufflé
amirale sans nef
tu me verrais passer par les armes
monter à l’échafaud
avaler la cigüe
au pire être banni
partir en exil
Je suis fuis
depuis si longtemps réfugié sur une île
un croissant dans le ciel
havre de silence
et de paix
muse matrice invisible
qui renait de nos folies
de tes dénis
Je fuis le jour
je suis la nuit
Je suis qui tu hais
je fuis qui tu suis
je suis qui tu fuis
tu es qui je suis
Tu hais qui je suis
Je ne peux te détester
l’attente est la promesse de mon angoisse
Paris, 17 décembre
© Autobiopoèmes, Rever(s)
36
Louve
elle hurle les leçons d’amour
qu’elle veut inculquer
Je ne t’ai jamais contrainte
Je ne pouvais prendre soin de moi
n’existais que par son art
Si elle partait libre et canine
je me perdais à la retrouver
Lorsque mes yeux se fermaient
c’est elle que je voyais
au fond de mes vers
Elle rimait ma vie
Je la croyais
je l’implorais
Tu me ressembles pourtant
C’est elle qui me tenait
voulait malgré tout
malgré moi
me changer
me dresser
me dresser contre mes amours
Elle me tenait serré
soumis
et rêvait en secret
de m’exclure
de sa vie
de l’en-vie
Je me sentais sans souffle
asphyxié par ses préceptes
en laisse d’amer
en cage de fer
Puis
l’ange grise ravale ses larmes
fantasques
capricieuses
hurle à la mort
Ne rien te devoir
Elle
mieux que tous
mieux que tout
Longues-sur-Mer, 26 décembre
© Autobiopoèmes, Rever(s)
37
Sous la promesse du vent
et le frisson salin des embruns
je rafistole mon âme
dépoussière ses mensonges
Il restera quelques cicatrices
pour défier l’anamnèse
il restera les brisures
d’où s’échapperont mes mots
Je ne m’esquiverai pas
pas tout de suite
pas si vite
d’esquif en récif
je cheminerai fidèle à mes nuits
ses seins dans la suie
ses lèvres dans le suif
son cœur dans le cambouis
Je cheminerai fidèle à ses jours
loin des hommes
se méfiant sans trêve
des ports et des gares
sans escale pour ses rêves
ni terminus ni phare
Il lui suffirait un soir
de tracer dans le sable
avant la marée
le script de ses haines
puis pataugeant dans la vase
d’ensevelir larme à l’œil
sans désir de soleil
ses mythopoèmes
Elle a piétiné mes rêves
sans regret
si surement
trop longtemps
et son reniement
est pire que la mort
Longues-sur-Mer, 28 décembre
© Autobiopoèmes, Rever(s)
38 (Paternity)
My darling
don’t let others decide for you
don’t let others draw your way
choose the side roads
be yourself
This is that I said
as a lamb father
I always believe in you
I wanted you to resist
I let you grow up
and become the one
the only one you wanted to become
a little thanks to me
you were a fairy witch
But now you howl
with the wolves
I am scared
of what you are
Hate dogs are waiting and scratching at the door
I let you leave home
sail where you wanted
fly as far as you decided
under any sky
and on every sea
I let you face the hurricanes
in the middle of the oceans
I let you approach the lightning
at the height of the storms
I was afraid every time you left
how many nights I cried because of the anxiety
I still shiver while writing these words
But now you howl
with the wolves
I am scared
of what you are
Hate dogs are waiting and scratching at the door
I’ve shaken off chains
I will not become a wolf
I will not dominate the pack
I taught you to love the moon
I gave you some of my blood
keep your feet on the green ground
but try to aim the sky
it takes night to see the stars
it takes cracks to let the light shine
honey I told you that
as a lamb father
But now you howl
with the wolves
I am scared
of what you are
Hate dogs are waiting and scratching at the door
Learn yourself to get rid of obscurantism
let go of the darkness
don’t listen the preachers
don’t go with who promise you paradise
fear neither gods or men
don’t be afraid
don’t howl with dogs or wolves either
day by day
week by week
month by month
year by year
I implored you with these words
Am I still the old lamb father
I beg you to really take care of yourself
But now you howl
with the wolves
I am scared
of what you are
Hate dogs are waiting and scratching at the door
Paris, 2-6 janvier
© Autobiopoèmes, REVER(S)
39
Je veux croire à tes mensonges
ta main dans mes cheveux
boire à tes lèvres carcérales
l’eau de nos vies
y lire le sel de nos fables
Je veux ouvrir ma porte
aux vents de l’hiver
avoir froid pour me blottir
dans la prison frelatée
de tes bras de tes cuisses
Je veux me réchauffer l’âme
jusqu’à la levée d’écrou
jusqu’à l’enfer de nos jeux
jusqu’à l’envers de nos chairs
matricule 69
Je veux l’envers de nos cœurs
amoureux transis
yeux mouillés par la fumée
grise des corps renversés
dans ce décor d’épure
Entre verres vides
et rimes empruntées
sables mouvants
gargouilles et chimères
je veux finir au bucher
Paris, 9 janvier
© Autobiopoèmes, Rever(s)
40
J’apprivoise mes insomnies
dérouille mon cœur ensauvagé
et mon âme insoumise
Tu éteins l’incendie de la nuit
Alors je hurle en silence
vers l’infini céleste
je souffle sur les braises
disperse les étoiles
et les étincelle
Tu étreins mon corps
enseveli sous tes caresses
les heures passent
les souvenirs s’effacent
et blanchissent l’aube
mortuaire
Trois mille six cents fois
tu as mis mon cœur en quarantaine
tu l’as ressuscité pour mille ans
mille et une nuits
cannibales
Il ne reste de ma mémoire
que les miettes rassies
offertes à l’adipose des vents
et des oiseaux de la ville
Tu hais l’obésité de mes rêves
Paris, 11 janvier
© Autobiopoèmes, Rever(s)
42
Il est trop de mésanges aux ailes déchirées mortes en ton jardin Tu as emprisonné dans la glace les amours vertes à peine envolées Tu as remplacé les framboises que tu goutais à ses lèvres par des ronces stériles barbelés et béton verts Tu as hissé ton drapeau au plus haut de ta haine comme un poignard au cœur d'un imaginaire ennemi Tu as dispersé les tessons cadavres de tes beuveries pour qu'aucun étranger ne foule tes mensonges Tu as empoisonné tout ce qui vit de la lune et des étoiles tes ténèbres agonisent sans fin
j'aurais préféré la rudesse de tes poings sur ma peau à tes mots acérés au creux de mon cœur au fiel déversé dans les bas-fonds de mon âme Il me déplait moins de rester en enfer que de partager ad vitam aeternam
ton paradis vert avec cafards et charognardes
Paris, 17 février
© Autobiopoèmes, Rever(s)
43
La géante déchante depuis elle hante de son trépas les couloirs gris du vieux manoir toutes les nuits de mon cafard elle court danse et virevolte me pousse à l'audace m'invite à la révolte à travers les murs de mon enfance
et ses maudits cauchemars
En ma morne mémoire dans le miroir de mes errances de toutes mes imprudences
à toutes ses impudences
je m’abandonne ses longs bras ses cheveux d'or m'attirent contre son corps
irrésistiblement
je frissonne
Elle nous délivre de son drap
humide comme une nuit normande
albe et froid comme l’astrée
Une lueur lunaire
transperce la perle de rosée
à la commissure de ses lèvres
ivresse balbutiante
et teinte en arc-en-ciel
chaque écaille de ses nymphes
chaque atome de mon dernier souffle
REVE(IL)
Longues-sur-Mer, 22 février 2021
© Autobiopoèmes, Rever(s)
44
Je pensais n'être que de passage et je suis fugitif je pensais être voyageur au long cours passeur d'espérance et je suis naufragé au fond d'une baie inconnue hostile et incertaine je pensais être terrien au grand cœur et je ne suis rien presque rien ni aimant ni aimé je pensais être rêveur et ne suis que présomptueux monstrueux cauchemar je pensais offrir un peu d'air pur de bonheur simple insolent mais mes mots sont chimères futiles éphémères je pensais voguer sur la vague du rire mais ma chaloupe ivre sombre dans un océan de larmes Miroir tu as un sale tain ce matin
Longues-sur-Mer, 23 février
© Autobiopoèmes, Rever(s)
45
Prêtresse des morgues
elle juge
déverse sa morgue
tourne les talons
part sans la réponse
étale son indifférence
Elle n’attend pas
Elle n’entend rien
Toute en déraison
ne sachant que faire de sa vie
elle résonne de licorne en chimère
pardonne en maugréant
qu’elle te hait
Toute en trahison
sait-elle seulement
qu’elle travestit l’amour
La morgue mène à la morgue
Paris, 10 février
Longues-sur-Mer, 25 février
© Autobiopoèmes, Rever(s)
47
D’où que je me souvienne
d’une enfance incertaine
fées rousses
blondes sirènes
peuplent mes rêves
* * * * * * * * * * * * *
Sylvestres
océanes
elles bousculent mes peurs
ensauvagent mon âme
* * * * * * * * * * * * *
J’aime leurs désordres
et le velouté de leurs lits
* * * * * * * * * * * * *
Sur l’écume grise des vagues
ou la cime sombre des arbres
elles allument les étoiles
enflamment les sens
inondent mon corps
de sèves sacrées
salées
sucrées
avant de noyer mon désir
au cœur des algues et des mousses
* * * * * * * * * * * * *
Trop brèves sont les nuits
rares les comètes
avares les lunes
mais les vestiges sans fin
en ma mémoire parsemés
constellent mes lendemains d’espoir
* * * * * * * * * * * * *
– Muses sorcières
vous enluminez ma vie
d’où que je me souvienne
d’une histoire incertaine
Paris, 8 mars
© Autobiopoèmes, Rever(s)
49
Dans les rigoles du désir
et les ridules du temps
méfie-toi des regards engeoleurs
des rires qui t’amarrent
des esprits libres qui t’aliènent
te possèdent
te dépossèdent
des caresses asphyxiantes
des voyages qui t’égarent
des faux poètes qui t’imposent
de rimer dans le désert
de trimer sans salaire
dans l’arythmie des cœurs
et les amours digitales
méfie-toi des morts douces-mères
Paris, 17-18 mars
© Autobiopoèmes, Rever(s)
50
Dans les basfonds de l'aube s'invisibilisent le temps amoureux le sang des morts
et celui des vivantes
sang noir sur robe ponceau Je reste immobile hallucinée intranquille pourtant la cave est vide tandis que le grenier vomit les contes sordides prétextes maléfiques aux guerres sororicides
aux amours qu’on suicide
aux croisades imbéciles d'une tribu lunaire déchirée barbouillée de mercurochrome Opium opium opium Que de rêves sombrés en plaintes lancinantes d'angesses déchues sous les feux de Gomorrhe décapitant leur ego enrobé de futiles certitudes Elle Elle brule ses ailes enfume son champ de bataille
sa complainte opiacée
enfile les évidences scarifie ses chairs sacrifie l'espoir
hurle ses vaines vengeances Son nard n'est que cliché sans âme
il n'est que cendre sans lave désir serti de barbelés il a le parfum du chlore à javelliser la mémoire l'amère saveur des fausses victoires de traitrise en reniement
Opium opium opium Son paradis de glace n'est que pour sa secte horde d'anamour inassouvie de haine indélébile
Elle rengaine son humour
sa libre ivresse cathartique
aussi vieille dans son corps
qu’immature est son cœur
elle confine et calfeutre
ses érogènes
contrées interdites
L'ultime feuille morte tombe de son ciel vide destine à l'humus indigène sa beauté fière et fanée
Elle
Elle frappe
violente
transperce
assassine
Opium opium opium
Insignifiantes ma vie mes amours rapiécées dérimées volent en volutes et dégrisent l'enfer Ton poème illumine décembre
démasque les tyranes
emmorphine l’hiver
et libère le printemps
Papaver niger
Mes mots en écho cicatriseront le temps ou ce qu'il en restera
Paris, 26 décembre - 26 mars
© Autobiopoèmes, Rever(s)
51
A(vec) Cello Muse
embrase-moi à corps
je sais
nos vies de chimères nos rêves vains
on en oublie de s’aimer
pardonnons-nous
je sais
nos vies de chimères nos rêves vains
je t’ai
perdue trop souvent trop longtemps
laissée seule à nos fêlures
je sais
oui je sais
je sais tout cela
mais ne sais rien en corps
* * * * * * *
tu calfeutres mes failles d’un baiser langoureux
tu retardes l’horloge d’une caresse amoureuse
tu éteins les disputes d’un regard voluptueux
tu arrimes la nuit et rime en silence
tu calcines nos certitudes
il reste
nos lézardes telluriques
nos rendez-vous manqués
nos joutes poétiques
nos mémoires chétives
nos désaccords majeurs
nos jamais nos encore
nos accords vaporeux
nos corps à corps fébriles
nos futurs chancelants
nos paradis perdus
nos amours consumées
* * * * * * *
et toi
et nous
retrouvé·e
sacrifié·e dans ce secret d’épure
* * * * * * *
enflamme en corps
Longues-sur-Mer 11-12 avril 2021
© Autobiopoèmes, Rever(s)
(Re)découvir Cello Muse : https://soundcloud.com/cello-muse/embarrasse-moi
52
Tu avances grégaire sous les fausses couleurs de l'intransigeance sous la bannière banale de l'entre-soi derrière des banderoles blêmes de vengeance et de haine
* * * * * * *
Ton destin reste vide Tu te trompes de lutte
* * * * * * *
L'humanité mérite mieux que quelques slogans qui excluent excommunient
* * * * * * *
Ton rejet de l'altérité salit toute noble cause et te place au niveau de celleux que tu combats
dans ce rêve blafard qui crève l’amour
et respire l’inhumaine flatulence de l’intolérance
Paris, 27 avril
© Autobiopoèmes, REVER(S)
53
(CONTE ATHONITE)
Je délirais la nuit
sous un soleil cynique
dans le rire sardonique
des gargouilles et des chimères
* * * * * * *
Il flottait des vapeurs putrides
des parfums de soufre et de mercure
Un violon macédonien souffreteux
crissait son solfège capricieux
Au cœur de la moiteur decendres et d’ocres
des femelles falsifiées se vengeaient de l’abaton
des cénobites du Mont Athos
et châtraient en transes tout être vivant
ressemblant au mâle
de près
de loin ou feignant de l’être
* * * * * * *
Au petit jour cyanique
je délierai la lune
briserai l'ancre qui blesse les étoiles
et les entraves sourdes à stranguler l'amour
* * * * * * *
Je dé-lirai le Livre
désacralisé
libèrerai les rêves
repousserai l’aurore
endanserai la nuit
ses astres d’or rose
ou ce qu’il en reste
* * * * * * *
Je ne veux
vos saints sacrements
vos fleurs du bien
vos sangs d’ancre
vos hypocrites rédemptions
vos indulgences
vos résiliences
Recélez
vos châtiments
vos pénitences
vos cantilènes
vos ricanements de hyènes
saintes-nitouches
Refoulez
vos larmes extatiqus
vos alarmes eschatologiques
Recyclez
vos psaumes et vos armes
vos peurs de fins du monde
vos paradis vos enfers
* * * * * * *
Je n’ai que faire
de vos vérités
je leur préfère mes doutes
et les lendemains incertains
* * * * * * *
Je préfère aussi ces chemins hasardeux
que j’emprunte humblement
bordés de fleurs sauvages
de ronce et d’aubépine
mais pas de vos murs gris
avec leurs tessons et leurs barbelés
* * * * * * *
Je préfère encore
l’ombre de la lune
à vos soleils caustiques
la colombe aux vautours
l’éphémère fragilité du liseron
à la prétention de vos lys d’or
* * * * * * *
Là d’où vous venez en tourmente
on envie
on ravit
on sévit
* * * * * * *
Là d’où tu rêves là où je vais
tu vis tu dévies
tu te révoltes
tu virevoltes
tu murmures en marée
tu bourrasques en vent du large
tu défroisses la grand’voile
tu dévies tu vis
tu courtises les étoiles
tu t’enivres d’embruns
et d’un rhum légendaire
et te berces du chant
des baleines et des sirènes
* * * * * * *
Tu es
Je suis
Nous sommes
Paris, 28-30 avril
© Autobiopoèmes, REVER(S)
55
Tu me détraques me désavoues me déprécies me déshonores me désempares me dénatures me désaccordes me désenchantes me détermines me démantèles me déstructures me décomposes me désagrèges me désassembles Et tu me dis je te déchaine je te délivre Tu me dis encore - je t'aime ainsi Tu dérailles désaimes aussi
Paris, 20 juin
© Autobiopoèmes, REVER(S)
56
Paris, ...
© Autobiopoèmes, REVER(S)
57
Il est trop tard pour rallumer les étoiles
L’été trop brève est la nuit traîtresse insomnie fugitive avant l'aube
L'été ne laisse voir se lever le soleil alors les cauchemars étouffent les rêves réverbèrent l'écho des chimères enfantines
Il est trop tard pour rallumer les étoiles
Paris, 8 juillet
© Autobiopoèmes, REVER(S)
58
Le vent fuit entre mes paumes
je murmure quelques psaumes
païens d'outremonde
ils parlent de cendres
de ciel et de vide
de cœur et d'absence
d'un poème d'amour
de guerre et de sang
du temps
passé
enfui
perdu
enfoui
– Cesse de dérêver d'enfances
et emmure tes silences
Paris, 10 juillet
© Autobiopoèmes, REVER(S)
59
Le jour m'empoisonne m'embourgeoise m'enserre de sa petite musique somnifère de sa petite pensée mortifère capitalise mes rêves ensourdine mes éclats anesthésie mes révoltes incarcère ma folie vaticine ma mort et vaccine mon cœur Alors je mendie la nuit un once de tendresse enrime les étoiles et revis par l'étreinte de Lune et l'autre chimère Douce sorcière ne m'épuise plus à distiller l'amour mon cœur en crève Mon cœur en grève
Longues-sur-Mer, 19 juillet
© Autobiopoèmes, REVER(S)
60
Soudain
dans le vide noctambule
j'entends les flots de sang que pulse mon cœur
puis le silence
et cette douleur sourde
Ce sentiment mystérieux mêle la vie à la mort me lancine noircit la nuit
et mon ennui
Longues-sur-Mer, 22 juillet, 1h du matin
© Autobiopoèmes, REVE(R)S
61
Le temps d'un chat gris le temps d'un chat noir dans les bas lancements de la nuit il est déjà trop tard j'ai perdu le blanc de l'enfance Il me reste un peu de vert dans tes yeux le bleu de l'amer la saveur parfumée des crépitements de l'enfer Le jour d'après sera fournaise
Paris, 15 septembre
© Autobiopoèmes, REVER(S)
REVER(S) 62
Attendre à la fenêtre
que le jour assassin enterre à la sauvette
la nuit de nos désirs Laisser le doute oppresser ce qu'il reste d'espérance laisser l'arrogance de l'homme se dissoudre dans le souvenir Écraser la dernière cigarette se promettre l'impossible bruler de fièvre et de sang
laisser son cœur fondre à petit feu
à petit jour
Renoncer à chasser
enchâsser l’âme
ou re-bander son arc
viser l’inaccessible
Contempler ton corps
sur le parvis froissé
du temple de nos ébats après de tant de combats tant de défaites
tant d’étreintes
mille-feuilletées
tant d’amours
empressées
succédanées
Toi assise un pied sur l’édredon en contre-jour sacristain
avec cette grâce sensuelle du bas roulé sous tes doigts fins
avec un sein libre
aléatoire effronté
parmi les suspensions de poussière
étoilées par un rayon de soleil
tu rivalises avec les anges
profanés
Moi dans un frisson
les oreilles lasses
de tant d’horreurs proférées
je sombre en hypnose
j'ai le regard noir
d’avoir trop écorché le beau
les mains calleuses
d’avoir trop caressé l’espoir
la bouche râpeuse
du mauvais vin de messe des fumées ultimes de la nicotine d'antan
les bras en croix
sans foi ni loi
Ne m’offre pas ton sexe
ton cœur moins encore
je ne te mérite pas
L’automne est bien là
et mes amours craignent l’hiver
Paris, 15-17 octobre © Autobiopoèmes, REVER(S)
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