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  • Photo du rédacteurHenri Baron

Danses

Dernière mise à jour : 28 nov. 2022

Sélection de textes écrits sur le thème de la danse


© œuvre de Sophie Bertrand pour Jour 53 à l'exposition "la Poésie des Confins" à l'espace Beaujon (centre Paris Anim', 208 rue du faubourg Saint-Honoré à Paris 8e).

Après le 22 septembre, l'exposition changera de lieu et sera accueillie à la Maison des Associations du 8e arrondissement, 28 rue Laure Diebold.

(© Photo HB, désolé pour la piètre qualité...)


 


LILY DANSE (I)

Lily clame

De son corps silencieux

Âme visionnaire

L’être irrévérencieux

Révolutionnaire

Lily clame

Lily valse

Et ses bras nus s’allongent

Loin ses poings se ferment

Révulse les mensonges

En fane les germes

Lily valse


Lily vole Et son âme éthérée Dévore la sorgue

De son corps enfiévré Consume la morgue

Lily vole

Lily donne S’abandonne à la scène

Fière hasta siempre

Virevolte sans haine

De l’aube à vêprée

Lily donne


Lily tangue Mains tutoyant le ciel

Pieds giclant le sable

Inclassable inlassable

Frêle Immatérielle

Lily tangue


Lily danse Et son corps cadencé Les sens évanouit Son rêve chaloupé Enivre la nuit

Lily danse

Lily danse


Paris, 19 avril 2019

© Autobiopoèmes, Chansons


 

JOUR 41

Nous étions bel·le sous le soleil Il dessinait par les persiennes Sur tes seins tes hanches merveilles Des ombres marines vermeilles

Danses ou transes dionysiennes Nous étions fol·le sous le soleil

Paris, 26 avril 2020

© Autobiopoèmes, Des mots pour un déconfinement


 


JOUR 53

à Lily

Ce confinement là-haut leurs crécelles masques et lourdes bergamasques grasse commedia dell’arte confinent à l’absurde crispent l’en-vie diffament le désir entorturent le travail agonissent la paresse blasphèment l’artiste éclipsent la culture aliènent l’hemme et mutilent l’avenir * * * * * * * * * * * * * Dans l’attente d’un meilleur demain tu comptes les lattes du parquet des persiennes les barreaux du balcon les fenêtres d’en face les clochettes fanées de chaque brin de muguet ou les pieds de mes vers avec et sans diérèse * * * * * * * * * * * * * Tes pensées se perdent tes soupirs s’évanouissent l’horloge de ton cœur rythme-t-elle encore l’incertitude insoutenable de l’instant * * * * * * * * * * * * * Mais soudain de la monotonie psalmodiée des jours de la grisaille des failles indociles entre mais au-delà les murs ta voix retentit crescendo cristalline ravive et désaltère l’âme comme le chant des cascades dont on se rapproche après une marche harassante intemporelle et fragile comme l’écho brisant la solitude * * * * * * * * * * * * * Alors tes mains tes bras tes épaules se mettent en mouvement ton visage s’illumine tes rêves t’élèvent tu te mets à danser en lentes arabesques puis dans un tourbillon d’ellipse en spirales libre insoumise audacieuse et frivole tu brises les césures éparpilles les rimes chorégraphies la vie sublimes le corps t’accapares l’espace tutoies le ciel et la lune délivres les étoiles enrôles les puissances insultes le temps contamines le silence assassines le vide poétises le réel ressuscites l’espoir

Paris, 8 mai 2020 © Autobiopoèmes, Des mots pour un déconfinement


 

SAMEDI 16 MAI

Dans ces matins rêches

qui respirent le ciel

en ces soirs incertains

quand expire le soleil

tu traverses les limbes

dans la transparence soyeuse

et les dentelles ajourées

d’un temps limpide et pur


Face au miroir bleu sans tain

contre la violence abyssale

par la force des hiers

la beauté sublimée

et les transes amoureuses

tu danses


Tu danses

jusqu’à l’extase

vers un inaccessible demain


Paris, 16 mai 2020

© Autobiopoèmes, Déconfin’amor


 


LUNDI 18 MAI

Ne crains pas le précipice

il te faut marcher

cheminer entre les angoisses

et les fantômes de l’enfance

sur la crête de vie

vers où tu t’élances

vaincre tes peurs

en t’inventer d’autres

défier les dieux et les déesses

jusqu’à ne plus les croire

écrire

chanter

danser

ta propre histoire

ton odyssée


Paris, 18 mai 2020

© Autobiopoèmes, Déconfin’amor


 


2-5 JUIN


La chaleur vespérale monte

des rires caprins des terrasses

vers les trilles stridentes des martinets

En ce ciel encore bleu

la lune projette sa lumière gibbeuse

ses ombres capricieuses

elle arrondit son sein

manigance ses amours

enceinte de mes songes

Tu danses

hésitant

et sure pourtant

te hisses sur les toits de zinc

funambule entre deux cheminées

que mordore un rai de soleil mourant

Je te suis du regard

le ciel se teinte de rose

le vent se lève

accélère la course folle

d’un nuage solitaire

fasciné par Dana

Lune et nue

volent l’une vers l’autre

en une fusion cotonneuse

Tu embrasses l’horizon

la canopée de Paname

et te mets à chanter

de ta voix cristalline et nue

cette mélodie sans nom

qui porte ma clameur

mes délires et tes délices

vers le mont Parnasse

Les fenêtres s’ouvrent

les stores s’enclosent

le ciel noircit

les verres tintent

les rires tour à tour

engraissent et s’estompent

par vagues


Le jasmin embaume le soir

Silence céleste

Un amoureux tire un trait

sur ce train lointain

son amour s’étire

jusqu’à la fêlure

comme la corde d’acier

que dilate l’ardeur

de la frêle fée sur son fil

D’où sort ce sable sous ses pieds

de la Seine peut-être

silice qui vole et valse

et marchande les rêves

Tu trembles de beauté

tu fuis la mort

et crains l’amour

ou l’inverse

Tu m’inspires en spirales

tu musardes

amuses les failles des murs

où se tapissent les muses

Les murmures s’éclipsent

sous les amours emmurées

qui veillent cupides

et guettent l’étincelle

d’où jaillira la flamme

à embraser tes rêves

ou la flèche acérée

pour ébraser ton cœur


Paris, 2-3 juin 2020


* * * * * * * * * * * * * * * *


La nuit frémit

impatiente de l’aube

Tu danses et de tes bras

tu tutoies le ciel

disperses la brume

blanche et grise

des terrasses du Capri’s

Obscure et luminescente

tu me verses un rêve

mon verre se colore


arc-en-ciel

en mémoire

mon vieux violon désaccordé

grince une valse à l’envers

romance colophanée

Plus tu danses

plus j’engrise

serai-je bientôt

charbonné

La nuit tous les chats sont noirs

Je clandestine dans ton rêve

et ta transe lumineuse

légère comme

une gitane

Après le café médianoche

j’allume une Che

braise ténébreuse

chavire dans l’ivresse

des voluptueuses volutes

puis rassemble les miettes

de ma carcasse ébréchée

Tu refuses un dernier verre

Tu m’invites à flâner

dans les arcanes de ton corps

ou les impasses de ton cœur

Je m’écorche à ta peau

traverse tes cascades

tes buissons d’églantine

m’engouffre somnambule

en tes sombres cavernes

Je me perds dans les méandres

de stupre et de soufre

Tu m’abandonnes à la source infertile

d’un fragile et légendaire avenir

Tu inondes mes lèvres

d’un plaisir éméché

Tu réfutes un dernier vers

Morphée m’attire

dans l’ivresse infernale

de son velours noir bleuté


Paris, 4-5 juin 2020



© Photo HB, Artiste anonyme, Paris le 20 mars 2020, rue Jacques Hillairet (12e)



19




En offrande Nos corps nus sur l'estive après l'albe transhumance de nos cœurs L'âme en comète incertaine dans l'immensité de mer et ciel mêlés Le vol gracile de la sterne la brusque plongée du poignard dans les chairs Et la valse fragile de l'éphémère

crépusculaire Danse macabre

Saint-Laurent-sur-Mer, 19 juillet 2020

Longues-sur-Mer, 20 juillet 2020

© Autobiopoèmes, Océanités


 


(R)ÉVOLUTIONS



Tu tournoies

comme le vin grenat

au fond de mon verre


tourbillonnes

comme le sang dans ton cœur

bouillonnant jusqu’aux tempes


et derviches vers le ciel

en volutes

de tes rêves diurnes



Paris, le 28 novembre 2020

© Autobiopoèmes, Fluctuat nec mergitur


 

29




Elle piétine libre et nue

les carlines mortes


Sous ses pas tournoie

le soleil d’hiver


Jour léthargique

Jour liturgique


Elle danse en hypnose

fascine les pentes douces

de ses yeux trop noirs


Elle dévore le cœur

des hommes

en porte le deuil


On la dit sorcière

elle tressaille

sous les flammes du bucher


Elle sent la gentiane

et la froidure des flammes


Ses bras sont ses ailes

vers ses neiges célestes


Son dieu décrée

scelle l’inconciliable


Anesthésique insomnie


Je dérêve



Paris, 4 décembre 2020

© Autobiopoèmes, Rever(s)


 


FUNAMBULES

Quel rêve farfelu de vouloir danser funambules

toi et moi sur le même fil


Nous avions trop bu

trop abusé du rhum parfumé

ton cou sentait la nuit

tes seins la girofle et la cannelle


Tu partais du nord-est

j’étais déjà à l’ouest

nous avions perdu le nord


En apesanteur

nous titubions l’un vers l’autre

notre histoire sentait le soufre


Attirés par le vide

nous valsons éthérés

dans les volutes dorées

des feux de la rampe


Aspirés par le vide

Nous sombrons

dans le crépuscule abyssal

sans baudrier ni filet


Il faut qu’amour et mort

étreignent dieux et déesses


Paris, 12 janvier 2021

© Autobiopoèmes, Amour(ette)s


 


CADANSE


Mes pieds n'ont jamais su danser seul mon cœur s'emballe à chaque embellie

* * * * * * *

La nuit mes rêves dansent voyagent m'évadent de ce corps gauche de son enveloppe mal à droite

* * * * * * *

Le rêve garde la mémoire de mes pas la met en cadence les met en danse

* * * * * * *

J'aime la cadanse des mots dans la nostalgique errance des rêves sépia

* * * * * * *


S'il te plaît de cadanser avec moi cadansons jusqu'à l'aube nouvelle enrubannée de rimants ou dérimants songes


* * * * * * *


Nous nous étreindrons comme vieille et vieux

atteindrons seule à seul l’heure fragile

où s’éteindront les feux

et se teindront nos vœux

de cette gerbe violine

à noyer prêtre et sépulcre

* * * * * * *


Nous nous étreindrons comme vieille et vieux

atteindrons seule à seul l’heure fragile

où s’éteindront les feux

et se teindront nos vœux

de cette gerbe violine

à noyer prêtre et sépulcre


* * * * * * *


Alors nous dévierons les règles affranchirons les mots dériverons les rêves

arythmerons les vers dans une folle décadanse

* * * * * * *

Nous sauterons sur les bancs de sentier pierreux en chemin vicinal

sur les parvis désacralisés

sur les places venteuses

dans les cris des marchés

* * * * * * *

Je reviendrai perclus de doutes comme un Auguste sans son Pipo comme un lasso sans son cowboy

comme un arc sans ses flèches comme une anguille sans les Sargasses comme l'écume sans la vague

comme Guillaume sans Mathilde

et ça ne me dit rien qui vaille

* * * * * * *

L'aurore et ses fleurs

L’automne et ses feuilles

leurs horreurs

attendront


Longues-sur-Mer, 21-22 avril 2021

© Autobiopoèmes, (B)REVES


 


L'AUTOMNE APRÈS LE PRINTEMPS

Même ma voix ne sait plus danser au mieux tremble-t-elle feuille morte en plein cœur de l'été


Longues-sur-Mer, 4 aout 2021

© Autobiopoèmes, (B)REVES


 


© Photo HB, Artiste anonyme, Paris le 4 décembre 2019, rue de Reuilly (12e)



LE CACHET DE LA POSTE FAISANT FOI

La corresponddanse est bien envoyée

légère

aérienne

suffisamment timbrée

elle a du cachet parfait à corps poétique clef des chants célestes

elle est partage parfumé

Longues-sur-Mer, 16 aout 2021

© Autobiopoèmes, (B)REVES



 


CARREAU DU TEMPLE

Que les femmes sont belles à danser dans le soleil hi-vernal les ombres arabesquent leur peau nue leur danse est mélancodieuse maléfangélique

danse des sortilèges danse essence des en-corps danse essentielle elle rythme leurs sens encéleste les sentiments elle est cette fêlure de l'âme elle est ce carreau brisé talon d’Achille point névralgique de l'armure temple de la chair et du désir

du sourire en scène

acoustique en cette cour des miracles en cet oasis aux mirages

elles innervent

enfièvrent

cette halle de verre et d’acier

aux mille reflets

infantes de la balle

paumes vers les cieux

yeux dans mes yeux

implorant le fervent

la transe amoureuse


* * * * * * * * * * * * *


Fasciné par ce regard altier

presque pervers

avatar atavique démoniaque à damner les rois les reines dionysiaque à charmer les devins et les divines je me laisse subjuguer

enflammer

envouter

emporter

bercer par le sac et le ressac la beauté névrosée de cette fille de cette femme jeune ou vieille qu’importe matissée

métissée

mystique mais libre

jusqu’au final en farandole

infernale

océane et tellurique

en anachronique chorée

vertige de païennes derviches

bal des ardentes

avant l’eschatologique effondrement


* * * * * * * * * * * * *

Par la transe

ou la danse

elles périssent

ressuscitent

sans cesse

de leurs cendres


Paris, 30 janvier 2022

© Autobiopoèmes, Fluctuat nec mergitur


(Texte inspiré par le spectacle "Sur le Carreau", chorégraphié par Yves-Noël Genod

à Paris - Carreau du Temple, le 30/01/2022)




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