Textes écrits de 1987 à 1993
PLUS VITE QUE LE TEMPS
à Jean Texier
Que m'a fait la mer
- Je sais son envoûtement
Celui de la Femme
Qui danse sous la Lune
Male fée sorcière bienfaisante
- Je sais la magie du Funambule
Qui danse sur le fil
De son Destin inachevé
- Je sais l'histoire de ces enfants
Perdus dans l'Immensité
- Je sais la magie du Funambule Qui danse sur le fil De son Destin inachevé
- Je sais l'histoire de ces enfants Perdus dans l'Immensité
Je sais leur bonheur Pour l'avoir partagé Je sais ton bonheur De leur avoir offert D'être ce jour plus que des enfants
Que t'a fait la mer
C'est elle qui te chavire
Accroché à tes rêves
Suspendu dans le Néant
Tu implores les Vents
- Ils te répondent Tu les maudis
- Ils se dérobent Et leur plainte lancinante S'estompe dans la Nuit
N'entends-tu pas le cri des mouettes Quel est ce murmure Qui court le long des dunes Et fait chanter les oyats
On dit au large Que les sirènes le soir Curieuses Viennent s'échouer Sur le sable humide Et rêvent en silence De voyage sur les rives de l'Extrême
On dit aussi que l'une d'entre elles Une Nuit sans Lune Pour être allée plus vite que le Vent Pour être allée plus vite que le Temps Fut blessée par le Destin vengeur
- Ô cruelle Infortune
Je ne trouverai plus les mots Qui parleraient pour mon cœur
- Suis-je encore poète L'ai un jour été
- Un jour d'été
Le Soleil peut à jamais Se voiler Mon encre peut tarir Et le temps s'arrêter À mes souvenances
Quelle espérance me reste-t-il
Plage de Sauveterre, nuit du 22 au 23 août
© Autobiopoèmes, La Vie ne tient qu'à un fil
LE POÈTE ET LE FUNAMBULE
Le poète a sa plume
Le funambule son fil
Le poète a sa muse
Le funambule sa lune
Mais où est leur sirène
Fille adorée de Neptune
Qu'on vit un soir sans lune
Échouée perdue sur la dune
De sable chaque grain
Se souvient de l'infortune
De l'elfe aux cheveux d'or
Qui trop aima la tempête
Les vagues se souviennent
De cette nuit où son rire
Sur l'épave brisé
Se tut soudain puis s'enfuit
Les étoiles aussi
Se souviennent de leur peur
D'un cri bref du silence
Et de la plainte du vent
Le poète a sa plume
Le funambule son fil
Le poète a sa muse
Le funambule sa lune
Mais leur appel s'envole
Leur sirène est trop loin
Et le vent bien trop faible
Pour porter leur espoir
Brétignolles-sur-Mer, 23 août
© Autobiopoèmes, La Vie ne tient qu'à un fil
BERCEUSE
Pour Mathilde
La nuit vient Doucement Dors mon petit amour Doucement La nuit s'en revient Demain il fera jour
Entends-tu Chante au loin Le follet malicieux Chante au loin Mignonne entends-tu "Ferme tes petits yeux"
Lune d'or Cieux d'airain Où filent les étoiles Cieux d'airain La lune s'endort Déjà tes yeux se voilent
Peu sauvages Sous la lune Dansent les blonds korils Sous la lune Dans la nuit si sages Des rêves sur un fil
Apparaît Majestueuse Un ombre funambule Majestueuse En songe apparaît Et ton âme affabule
Il fait noir Maintenant Mathilde dors enfin Maintenant Dehors tout est noir Mathilde rêve bien
Maintenant Dehors tout est noir Jusqu'à demain matin
Pont-sur-Yonne, 6 novembre Royan, 23 octobre © Autobiopoèmes, La Vie ne tient qu'à un fil
FUNAMBULISME (Triolet)
à Camille
Tu funambules sur un fil Entre la lune et une étoile Et berces mon cœur volatil Tu funambules sur un fil Nulle larme un onctueux babil Tisse ma vie comme une toile Tu funambules sur un fil Entre la lune et une étoile
Tu funambules sur les eaux Où se mêlent rêve et mystère Dans les ineffables chaos Tu funambules sur les eaux Et leur mémoire te mène aux Elfes de notre imaginaire Tu funambules sur les eaux Où se mêlent rêve et mystère
Tu funambules sur le toit Des grandes villes assoupies Où somnambule mon émoi Tu funambules sur le toit Que danse entre toi et moi L'ivresse de nos utopies Tu funambules sur le toit Des grandes villes assoupies
Tu funambules sur un rai De lune ou de soleil qu'importe Te faufiles tel un furet Tu funambules sur un rai Enfin la lumière paraît Du vital élan qui t'emporte Tu funambules sur un rai De lune ou de soleil qu'importe
Corme-Royal, 7 décembre
© Autobiopoèmes, La Vie ne tient qu'à un fil
1er prix Charles Baudelaire
décerné par l'Académie Européenne Littéraire et Artistique en 1993
FILANTES
Tu marches tu danses les étoiles naufragées donnent la cadence
La foule t'acclame ton cœur largue les amarres et coulent les larmes
Ô quêtes et rêves ma vie ne tient qu'à un fil l'amour est sa sève
Ma quête mon rêve funambulent sur nos pleurs où ma vie s'achève
La Rochelle, 31 décembre
© Autobiopoèmes, La Vie ne tient qu'à un fil
SAUVETERRE 1991
à Carolyne
Ce soir
Seul sur la plage
Je cherchais ma Sirène
Le murmure de son chant
Guidait mes pas somnambules
Je n’ai pas vu son corps
Caressé par l’écume des vagues
J’ai voulu son visage
Dans la valse des étoiles
Sur l’Épave
Immobile
Éternelle
Veillait la Grande Ourse
J’ai marché sur la plage
Cœur serré
Yeux mouillés
Le sel de mes souvenirs
Et la rouille du Temps
Ont gravé sur le sable
Ton nom
L’image d’une voile
Une date
22 août 1991
Plage de Sauveterre, 22 août © Autobiopoèmes, La Vie ne tient qu’à un fil
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