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  • Photo du rédacteurHenri Baron

AUTOBIOPOÈMES - Océanités

Dernière mise à jour : 29 mai 2022


Textes écrits de février 2019 à aujourd'hui



Qui dit poésie dit philosophie et lumière.
(....) Elle est irréductible, incorruptible et réfractaire. Comme la mer, elle dit chaque fois tout ce qu’elle a à dire ; puis elle recommence avec une majesté tranquille, et avec cette variété inépuisable qui n’appartient qu’à l’unité. Cette diversité dans ce qui semble monotone est le prodige de l’immensité.
Flot sur flot, vague après vague, écume derrière écume, mouvement puis mouvement.”

Victor Hugo in William Shakespeare, Livre III “L’Art et la Science”, A. Lacroix, Verboeckhoven et Cie, éditeurs, 1864 (p. 125-160)






1

à Lily



Dans le soir qui s’éteint

Elle s’enivre fragile de la démesure du vent

au-delà des iles fantasmées

silencieuse


La terre a-t-elle déserté sa promesse

d’un printemps naissant

d’une périssable adolescence

ou de l’ambivalence

du sel et de la soie


Elle savoure amère et noire

l’obsédante absence

de limites


Infinie diatribe du temps qui s’échappe


Graye-sur-Mer, 27 février © Autobiopoèmes, Océanités



 

2


Je préfère les surplis rêches du soir

aux soies froissées de l’aube

Où mes mots lézardent à la lune

Je m’écorche sur les ornières du temps

leurs hostiles manières

L’eau qui perle à mon front

garde-t-elle ma mémoire

Le fleuve en son lit défait

dit-il mon passé

La mer qui gronde ou s’apaise

se repait-elle de mes souvenirs

J’abolis mes frontières

m’affranchis du temps

ravis l’espace incertain

Je vis de l’infini

du sens éthéré des choses

des effluves fastes de l’océan Sac et ressac accélèrent en cadence le rythme de mon cœur

Crescendo mon amour


Longues-sur-Mer, 4 mars

© Autobiopoèmes, Océanités



 

3


Le sable du temps

s’immisce dans ses songes

Le sac et le ressac

de l’océan ne cessent

Indifférence éclaboussée

L’horizon sombre

sans laisser de trace

de cette sirène solitaire Crépuscule halluciné

Cieux ensommeillés

Et ce demain

- déjà -

sans destinée

Larguez les amours


Longues-sur-Mer, 7 mars

© Autobiopoèmes, Océanités



 

4


Le temps que s'efface le soleil qu'il naufrage le jour en une écarlate jouissance

Le temps de l'instant suffisant pour sabler la bouillarde

trinquer nos sourires

entrechoquer les lèvres et revenir à la vie

s’émerveiller de la robe

si se dérobe la raison

Le temps qu'il faut à la nuit pour plomber l'éternité pour écraser mes rêves bleus et noirs ou les laisser fuir par le goulot avec les chimères et les licornes

Le temps qu'il me faut pour finir la bouteille et la jeter à la mer vide d'avenir emplie de mémoire de ces maux envasés que mes mots désertent Le temps qu'il faut à la lune pour gercer l'horizon jaillir du néant enlunimer ton ventre Le temps qu'il faut aux étoiles pour embriller tes yeux enluminer d'étrange l'estran silencieux

et pourtant son vacarme incessant

Le temps qu'il faut à la vie pour sauter de roche en roche acérée de vague en vague à l'âme incertaine néanmoins sûre d'elle Le temps qu'il faut au printemps pour éclore doux-amer au tanin pour tâcher le verbe

Le temps qu'il faut à la flamme pour danser du rire aux larmes vaciller incertaine de paix en guerre lasse et sale Le temps qu'il me faut pour maudire ma boutanche et sa vaine jouissance

Le temps qu'il faut à l'amour sec et salé sur la laisse de mer pour s'affranchir de l'écrin qui l'enserre au destin des sombres oubliettes lagéniformes

Le temps qu'il faut à la mort pour surgir du chaos acérer les rochers

vert sombre ébréchés où se brisent mon ivresse et nos rêves d'enfants

Le temps qu'il faut au temps pour effacer les traces des amours éphémères des morts étourdies des songes absous

Le temps qu’il faut à l’écume

pour submerger la mémoire

Le temps qu'il faut à l'aube pour dégriser la nuit Le temps que le rafiot sombre dans l'oubli Le temps qu'il faut à l'âme pour couver son chagrin Et le temps pour le corps de se soulever matin

Il est déjà si tard


Longues-sur-Mer, 22-24 avril

© Autobiopoèmes, Océanités



 

5


L’aube mal aiguisée

déchiquette la nuit

Une lueur au loin

croit dans l’embrasure horizontale

d’une croyance tremblotante

ambigüe

qu’embrase le temps

qu’embrasse la mort

Et tout s’éteint


Longues-sur-Mer, 25 avril

© Autobiopoèmes, Océanité



 

6



Sous le silence drapé

du linceul des sirènes

la douce solitude des fées

m’émerveille

m’ensommeille


Je n’ai plus d’âge

ni de nom à la frange des astres

lorsque ta peau frémissant

me sombre et m’inonde

lorsque ton sourire insensé

efface ma mémoire cadencée

ses rumeurs poussiéreuses


les scories crasses de la vie

Longues-sur-Mer, 28 avril

© Autobiopoèmes, Océanités





7


J’écoute le chant

de l’arbre dans la nuit

de la terre qui respire

des pierres et du ruisseau


Je parle aux étoiles

qui semblent me répondre

des mots oubliés

presque insensés

Ils célèbrent la Vie

l’Amour

la Lumière


Longues-sur-Mer, 29 avril

© Autobiopoèmes, Océanité



 

8


La falaise porte mes souvenirs

blesse l’illusion de mes rêves étoilés

La vague enroule l’horizon

en une infinie spirale

Que de mots

de mensonges

de chimères

et de rivages infertiles

Que de corps

d’ardents songes

de mortes mers

et de sirènes stériles

Sans nom

Les soleils de mon âme

s’éteignent un à un

Les lambeaux de mémoire

virevoltent

effilochent l’étoffe du temps

dans la voie lactée

de notre possible amour


Longues-sur-Mer, 3 mai

© Autobiopoèmes, Océanités




9


À semer

à s'aimer

sans modération

mon jardin secret

sauvage

s'entrelace de mille couleurs

mille fragrances

s'entremêle de mille fleurs-poèmes


Longues-sur-Mer, 5 mai

© Autobiopoèmes, Océanités



 

10



Mers fluentes

Mers saoules

Mers traitres

Mers filantes

Mers moires

Mers enfouies

dans le silence vertige

et la volte-face

d’une vie


Comme sur l’or factice de l’estran

s’efface ma mémoire


Asnelles, 1er juin © Autobiopoèmes, Océanités




11



La mouette rit-elle

dans les tumultes du vent

les spasmes océans

les vagues versatiles

La mouette crie-t-elle

à l’amour onirique

et ses miettes charitables

chichement jetées

aux vents fantasques

Poète écrit-elle d’une arabesque

renonce au verre vespéral

annonce la mort mordorée

de mes falaises

Que meurent vos fadaises

Qu’elles meurent d’aise

et de votre volatile oubli

de votre haine bourgeoise

oisive et sourde

Creuse les fosses ourdies du temps

Noies-y vos faux tours de magie

votre monde chimérique imbu

Brise la corde onirique et nue

qui t’aliène au mensonge


Colleville-sur-Mer, 2 juin

© Autobiopoèmes, Océanités



 


12



Entre mer et dune je t’implore

Il pleut des pans de nuit sur l'océan satiné de mes rêves

Le chant salin du vent caresse râpeux ma peau si blême de baron sans arme et sans armure

Sur la tour de mon château de sable abandonné de ses chattes de ses chiennes de ses songes de pierre et d'Espagne

J’apostrophe l’écume et divague

D'amphibies sirènes des princesses persanes

montent des douves

assiègent ma forteresse

et m’enserrent de leurs longs bras maigres


Il flotte un parfum d’algues putréfiées

et d’œnanthe safranée

mon âme abandonne ses ultimes défenses

elles se saisissent de mon corps

enduisent d’onguents ma peau

vergéturée par le sel et les ans


Leur plainte couvre mes silences

se mêle au rire sardonique

des mouettes et des ergs

d’où surgissent d’autres femmes

Je ne suis plus personne

Je ne suis rien


Ai-je jamais été



Longues-sur-Mer, 21 juin

© Autobiopoèmes, Océanités





13


Je sais les nervures ruisselantes de ta peau

jusqu’à tes lèvres salines

qu’arpentent les nuages de tes songes


Ces draps flétris caniculaires

où s’emmêlent nos poussières d’étoiles

sont l’écume des nuits


S’enivrent nos phénix

d’humus et d’hymen

scandaleux artifice


La sorgue sera lunaire et blanche

sens enchevêtrés

sans interdits


Re-naissance


Longues-sur-Mer, 29 juillet

© Autobiopoèmes, Océanités

 


14



Autant que ton âme torturée

ou ta vie minée d’ornières

ce chemin tortueux

où se tordent nos pas argileux

s’élève à flanc de falaise

s’éclipse dans l’ombre des ronces

et des prunelliers

entre vertige et silence

solitude et détresse

Tu te demandes comment

vivent ou survivent

au cœur des vents salins

dans l’ombre calcaire

molène vipérine

criste giroflée

et douce lagure

Au terme du chemin

la lumière t’éblouit

et la finitude t’aveugle

Longues-sur-Mer, 23 octobre

© Autobiopoèmes, Océanités



 

15


De l’aube bleutée terne

au flamboyant crépuscule

j’ai remonté la mort

démonté les vents

dispersé l’amour

écartelé nos songes

4

 

ton sablier de nacre et silex

reprendre à Saturne

les aiguilles du temps

rendre la silice à la mer

entendre le charme des sirènes

sombrer de désir

et maudire Ulysse

Des tisons de colère

sous les braises des rêves

j’ai traqué le sommeil

détraqué mon morpheil

traitre malveillant

désarmé l’amour

hostile et cruel

enamouré la houle

promise aux brisants

aux caresses des phares

fomenté leur révolte

en vénéneux vacarme

de l’aurore irrascible

J’entends la mort

où la vague mugit


Longues-sur-Mer, 28-29 octobre © Autobiopoèmes, Océanités


 

16


Je suis né deux fois

sous les rires moqueurs

d’une insolente mouette blindée

de l’éclat d’un amour

fractale sacrifiée

la sève ruissèle

de mon olympe

Je suis né de toi

de l’éclat grenade d’un regard

sous les vagues d’écume

de folles déferlantes

sous les duvets célestes

d’anges rebelles

démons dociles

la silice volatile masque les pavés

Imperceptibles rivages d’or et d’azur

manifestes de lumière

clarté première

elliptique

teintes virginales

d’un espoir immaculé

flamboyant

le vin tourne allègre

je ne battrai pas retraite

Éternité nue

éternité tue

éternité traitre

Je suis né sur la grève

grave et grivoise

une nuit grenat

une nuit granit

nuit de plomb

le vin tourne à l’aigre

Je suis né du sang d’ébène

je suis né de l’amour et de la mer

je suis né de la mort et de l’amer


Longues-sur-Mer, 26 décembre

Paris, 16 janvier

© Autobiopoèmes, Océanités


 

17



Ce soir je déteste l’hiver

mièvre ou turpide

Il vente dans mon âme

une impétueuse tempête

animale

sel d’un amour que bourrasquent tes mots


*****


Je me blottis sous la grève

seul sous un ciel sans étoile

Et si mon cœur pleut

des gouttes célestes

des embruns solitaires

Serait-ce joie feinte


*****


La falaise de mes certitudes se fissure

Les roches ancestrales se fracturent

et dans le fragile équilibre de mes doutes

de calcaire et d’argile

la nuit se fracasse


*****


Éboulis de sentiments diffus

dans le vacarme houleux de la mer

ma poésie danse

vacille

s’évanouit

divulgâchée par l’insolent envoûtement du chant

des sirènes insoumises


*****


Soudain le silence

indocile

irrespirable


*****


Coma poétique

Parchemin vierge de vie


*****


Ta main s’amarre à la mienne

Ton être frissonne

Ton cœur tremble

et notre amour vibre

dissout en cadence la raison

quand nos lèvres se mêlent

lentement

infiniment


*****


Un désir inassouvi

apprivoise notre mort

incertaine complice de l’absence sordide


Port-en-Bessin, 14 février

Longues-sur-Mer, 15 février

© Autobiopoèmes, Océanités


 

18



Je n’ai traversé

ni océan ni mer

j’ai dû piétiner

quelques cafards

quelques miettes

les disputer

aux goélands aux mouettes


*****


Mes rêves m’ont porté

plus loin que mes pieds

les vers m’ont trouvé

peu comestible

peu épicé

lorsque cinq pieds sous terre

j’ai maudit dieux

diables et chimères


* * * * *


J’ai franchi la frontière

du paradoxe amoureux

j’ai tutoyé l’enfer

irrévérencieux

à l’endroit à l’envers

et contre tous

les Chiron les Cerbère


* * * * *


J’ai déboulonné les statues

à bride abattue

cocufié Pépin le Bref

– j’aime les pieds longs et fins –

renversé les réverbères

de mon accent pointu

et mes rêves de grand large


* * * * *


J’ai rabiboché les fées les elfes

bouleversé les certitudes

des patrons mafieux des cheffes

explosé nos servitudes

et nos Jésus Marie Joseph

évidé nos habitudes

déserté mes fiefs


* * * * *


Il me restait à trouver

le courage et la force

de désaimer

de déserter

les tertres de Montmartre et d’ailleurs

le brou de Soulages

les chemins de halage

les cours de ton cœur

et les courbes de ton corps



Longues-sur-Mer, 20 juin

Paris, 9 juillet

© Autobiopoèmes, Océanités


 

19


En offrande Nos corps nus sur l'estive après l'albe transhumance de nos cœurs L'âme en comète incertaine dans l'immensité de mer et ciel mêlés Le vol gracile de la sterne la brusque plongée du poignard dans les chairs Et la valse fragile de l'éphémère

crépusculaire Danse macabre

Saint-Laurent-sur-Mer, 19 juillet

Longues-sur-Mer, 20 juillet

© Autobiopoèmes, Océanités


 


20

Dans cette rue normande où les brumes s'effilochent où roucoule l'été et coulent bière et cidre Les rires se grisent en terrasse rivalisent avec les clapotis le bouillonnement de l'Aure

en son désir de mer l'émerveil de l'Autre au sourire de sa chair

Bayeux, 13 juillet

Longues-sur-Mer, 23 juillet

© Autobiopoèmes, Océanités

 

21

J’irai glaner les blés

l’avoine et le seigle

sur les terres d’argiles

qui m’enracinent

dans cet horizon

de cendre

De falaises bessines

en fadaises mesquines

dans la tyrannie des signes

un coquelicot s’excusera

de paraitre fripé

résistant à Nessie

réchappé de la faux

Sur ce sol à cidre

ma bolée débordera

de cette écume grise

où les émotions

muselées

s’enlarment

De face

de profil tu me distilles

m’évapores

m’effaces

me partdesanges


Longues-sur-Mer, 9 août

© Autobiopoèmes, Océanités



 

22

Au mitan de la nuit noire sur une mer asséchée par désespoir et mes larmes trop acides par anamour je traverse sans Elle un désert de sel et d'ocres

La lune m'est une île une oasis où mes mots s'abreuvent où ma soif de vivre s'étanche philtre d'oubli des ils et des elles phagocytes cannibales


Lunapark


Longues-sur-Mer, 10 août

© Autobiopoèmes, Océanités


 


23

Aux confins du ciel et de la mer

dans l’écarlate brasier

sombre l’adolescente insouciance


Vers une mort sans nom

sinon renoncement

les courants de couardise

entourbillonnent les inconsciences

fragmentent les paradis perdus

dissolvent les innocentes amours


– Ô dieux et déesses des baïnes

gorgé·es de haine et de traîtrise


Pourtant

à la nuit levée

des abysses de l’immémoire

émerge l’espérance


Elle



Plage du Peu des Hommes, La Couarde-sur-Mer, 30 octobre Longues-sur-Mer, 12 août

© Autobiopoèmes, Océanités



 

24


Depuis l'estuaire silencieux un frêle esquif atteint le large profite du vent de terre pour voguer loin des rives et des récifs du temps La jeune femme algues en crinière épouse la mer mère il ne sera et dans ce vertige absolu dans les abysses peuplées de ses chimères plonge son regard salé



Longues-sur-Mer, 16 août

© Autobiopoèmes, Océanités


 


26

Je suis né deux fois

sur tes rives sauvages

entre rêve étincelle

et sombre amour

d’une prière païenne

et d’un cœur en offrande


Je suis né de toi

sous le rire moqueur

d’une mouette insolente

sous la vague d’écume

en amours déferlantes

entre les robes d’albâtre

d’angéliques rebelles


Bluette enflammée

légèreté stellaire

clarté lunaire

d’un phare des confins

ardence vaginale

virginale

d’une espérance insensée

sublimée


Écorché

je suis né de l’amour et de l’amer


Longues-sur-Mer, 29 octobre

© Autobiopoèmes, Océanités


 


28




Entre bocage et chenal

entre escarpe et falaise

entre argile et silex

sous le ciel de traine

qui m’étire jusqu’à l’estran

dans le reflet flouté de ton âme

je me laisse à rêver d’une vie

sans récif

sans esquisse

sans crevasse

juste l’exquise douceur

de ton derme amoureux

sur mon vieux corps rugueux

et la bogue de mon cœur

entre étale et tempête

entre mirage et miroir

entre vierge et vertige


Pourquoi faut-il sans trêve

qu’un bug grève les amours

les achève dans le funeste vacarme

d’un hiver en transe belliqueuse


Longues-sur-Mer, 29 décembre

© Autobiopoèmes, Océanités


 


29




Le vent verdit mes paumes

ouvertes vers les iles et elles

dépose le sel du large

sur ma peau


Il me vertmarine

me noroise et me grise


Je tremble

je flageole


Je redeviens algue

embrun

éther


Longues-sur-Mer, 30 décembre

© Autobiopoèmes, Océanités


 


30

en écho à Jean Diharsce

de deuil en divorce ennoircir l’œil funeste dénigrer les cœurs incompris comprimés « juste fermer le jour »[1]


ou bien à peine entrouvrir la nuit

sur la lande amazone où s’absinthent les vents


de la mer à la lune est-elle enfin venue

l’ère du rêve nu des compromis


des tables de fête où s’invitent louves et devins

diner déconfiné bonheureux endiablé

par la promesse vive des mimosas


festinons ballerine rebelle et divin échanson

enchantons les noces permises d’idéal et poésie


pour un courant d’air un amour de piano

blasphémons cadencés la morgue et la camarde

s’il nous reste un peu d’ivresse accordéons-nous


dansons du creux de la sorgue à l’aube nouvelle

et « que reviennent les vents de toute miséricorde »[2]



Paris, 7-8 février

© Autobiopoèmes, Océanités


[1] Jean Diharsce, « Veuf de la fête… », poème publié sur Facebook le 7 février 2021 [2] Glenmor, Apocalypse, La Coupe et la Mémoire (1979)

 


31



La Manche est mon miroir elle voit la vie en bleu en adule le ciel n'est pas ridée jamais grise reste calme imperturbable

Ni la marée vespérale si différente de sa sœur matinale ni le cri des goélands ni le ricanement des mouettes - pas de hyènes ici - ne l'indisposent Jusqu'à ce que... les vents se déchaînent rompent les amarres déchirent leurs amours et hurlent vers le ciel


Paris, 20 février

© Autobiopoèmes, Océanités


 


32



Cette île m’ensorcèle

tu la nommes prélude

elle a le parfum suave de la grenade et de la rose

sans soigner nos folies

tu m’ex-îleras


Cette flamme me dévore

tu dis que tu m’embrases

nous braverons le large les tempêtes

la violence des cieux

celle des silences

tu m’ensauveras


Et vogue la galère

tu la vois en galion

nous fuirons les havres placides

où l’on s’amarre à jamais

nous éviterons les ports

où s’ancrent les illusions

tu me déferreras


Nous dévierons des sagesses

tu leur préfères l’aventure

noctambules et libres nous serons funambules

sans épargne sans calcul

des arpents de mer

sans aliéner l’horizon

aux promesses d’éternité

tu hisseras la grand voile


Longues-sur-Mer, 26 février

Paris, 10 mars

© Autobiopoèmes, Océanités


 

33




​Depuis la nuit des temps

je remue le monde

dans l'obscur et la clarté je défie le jour et je m'y fonds

renie le soleil traque la pénombre

mesure chaque mois

mes révolutions


* * * * * * * * * * * * *

J'exhibe mes cratères sans honte et sans peur

épouse la terre

j’enlace les âmes

les ensemence

les divorce


* * * * * * * * * * * * *

Je commande à la mer

aux forêts aux cités manipule les hommes leurs folies leurs amours

je fascine j’attire

et tout sombre dans les sources

les ruisseaux les océans


* * * * * * * * * * * * *


Avec mes sœurs sorcières nous envoutons les fées entrainons sarabandes

endiablons les corps

immolons à leurs amants

leurs faces ombrées


* * * * * * * * * * * * *

On me vénère me maudit

m’éclipse ou m’humanise

on m’utilise

me nationalise

me brode sur les drapeaux


* * * * * * * * * * * * *

On me débite en quartiers

avec treize de mes larmes un dernier sacrifice

aux divinités absurdes on me rabote en croissant

jusqu'à noircir le ciel et faire luire les étoiles


* * * * * * * * * * * * *

Nouvelle je renaitrai pourtant serpe d'argent sans manche

inspiratrice virginale m'arrondirai aube après nuit nuit après jour dans l'incessant va et vient des amours elliptiques

et l’attraction des sens



Longues-sur-Mer, 19 avril

© Autobiopoèmes, Océanités


 

34



Swept by the wind

in the wide sweep of sea

a sailing ship is swaying

It does not smell sweet

The swell is swollen more and more

Suddenly a rumble of thunder

so sinks the boat

in a deathly swirl

and all swell sailors are giving way to madness

They are in dire straits swaggerless swimmers now

until the green and grey wave covers everything

Then only then as a swoosh

in the deafening silence of the ocean

calm returns


Nothing

nor anyone



Paris, 24 mai – 10 juin

© Autobiopoèmes, Océanités


 

35



Throw the wisdom

– the madness of the world through the open window

as we throw from the fifth floor

crumbs to gulls

with no hope of finding

the scattered pieces of the puzzle

of life



Paris, 11 juin

© Autobiopoèmes, Océanités


 




37


J'ai la mémoire de l'encre celle des mots couchés sur le papier celles des maux dits

des maux pansés des faux silences

des vrais mensonges J'ai la mémoire de l'ancre celle des bas-fonds qu'on racle jusqu'à s'y fixer celle des rochers et des ports

qui nous retiennent

nous brisent les voiles Je survivais en encrant de ce bleu nuit sombre des cahiers d'écolier soufrés bleuis d'outre-tombe de prose amère et de rimes salées entre enfer et paradis Je reviendrai m'ancrer dans les fêlures de ton cœur m'écorcher aux brisures de ton rire m'écrouer dans les geôles de tes mains me noyer dans l'océan de tes yeux Je n'aurai pas de tombe n'encombrerai pas de traces ta destinée sans visage sans aencrage

Longues-sur-Mer, 14-15 juillet

© Autobiopoèmes, Océanités


 


38 (CHAOS)


Because you are endless wave because I thought I was an impregnable cliff only chaos remains and I love you

Longues-sur-Mer, 23 juillet

© Autobiopoèmes, Océanités



 


39 (F. & MER)



Depuis l'estuaire silencieux un frêle esquif atteint le large profite du vent de terre pour voguer loin des rives et des récifs du temps La jeune femme aux cheveux verts songe à la mer qu'elle ne sera pas et dans ce vertige absolu plonge son regard salé dans les abysses

Longues-sur-Mer, 16 aout

© Autobiopoèmes, Océanités



 

40


à Melwenn


Bonne nuit la nuit Bonjour le jour * Cette évidence m'emporte d'un fou rire je la borde et la déborde La nuit pour l'ennui Le jour pour l'amour * L'envers se brise il est si tard tes yeux s'allument midi minuit Les vagues de ta colère comme sac et ressac échouent en silence une lune câline sur le sable vert Sans tambour ni tempête nos cœurs métronoment la mélodie de la mer et du vent


Araignée du soir…



* Melwenn à Longues-sur-Mer, 22 aout

Paris, 30 aout

© Autobiopoèmes, Océanités



 


41 (DE PROFUNDIS SEMIPUELLAE)


Tu as le gout de la mer cette saveur verte et bleue entre sel et ciel à l'offrande de tes lèvres tu grises celles et ceux que tu choisis en chevelure ambrée en seins devinés au doux de tes mains d'un psaume en murmure tu les chavires à la prière perlée de ton regard tu les ravis en tes abysses ton désir ruissèle noble libre Cet éphémère a le parfum d'éternel



Paris, 15 janvier

© Autobiopoèmes, Océanités

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