Textes écrits de février 2023 à aujourd'hui

57
Contrejour
en ivresse mutine
en danse céleste
à la dérive
sous vent de mer
avant le sabordage
vers l'argile et la craie
où s'échouent bercées
sa caresse et l'écume
en effets de Manche
et scintillement stellaire
reflets du ciel
où sombrent le temps
et les oiseaux sans elle
juste un vague amour
suicidé
Port-en-Bessin, 30 avril
© Autobiopoèmes, Océanités
58 (MAL DE TERRE)
De vague à l'âme
en petite roche
de port sans escale
en laisse amère
où l'écume est grise
l'algue pestilentielle
militaire à camoufler les cadavres sans nom
l'air marri
la mer huileuse
la gyre aux phares
le verre impoli
je bois flouté
noie mes arc-en-ciels
et mes souvenirs éventés
éventrés
je divague
traîne mes bottes
et mon ciré
et vogue la galère
j'amococadize
puisqu'il faut ramer
ramer
ramer
ne rimer
ne penser
à rien
ne pas s'échouer
Paris, 25 mai
© Autobiopoèmes, Océanités
59 (BIRTH OF A CHILD)
I was born with
a pinch of salt on my lips
sand on my cheeks
in my eyes brown seaweed
in my heart eastern winds
Je suis né avec
une pincée de sel entre les lèvres
du sable sur les joues
dans mes yeux des algues brunes
en mon cœur des vents d'Est
Longues-sur-Mer, 10 septembre
© Autobiopoèmes, Océanités
60
J'ai rêvé d'impatience
de me désincarcérer
m'étirer
me tirer
entre l'amertume du jour
et le sucré de la nuit
Au petit matin
ciel d'orange
rêve envolé
cœur ensablé
je n'avais plus qu'un bruit du large
juste le vent dans un gros coquillage
Châtelaillon, 8 avril
© Autobiopoèmes, Océanités
61 (DISSOLVANT)
Ici commence
la mer
le sel
et le soleil
la vie
mais si l'éternité s'en est allée – voguant divaguant – là d'où personne ne revient –
si nul matassin ne s'élève sur son fil d'écume
les mains vers un ciel mensonger
les pupilles dilatées irradiées par ta folie
si tu rends vagues les amours
si tu sombres la lumière
si tu naufrages le tendre
et qu'il ne reste que l'amer le fade et l'ennui
le gris et la pluie
la solitude au linceul
alors je marierai
en un matin brumeux
mes cendres à l'océan
Châtelaillon-Plage, 8 avril
© Autobiopoèmes, Océanités
62
Soudain le vent abandonne sa paresse
le ciel se désordonne
me déshypnotise
les sirènes délaissent le rivage
ondulent vers le large
ne laissant flotter que le parfum sauvage
de leurs cheveux verts
l'ombre gagne la dune
déplisse les ridelles de mes yeux
les reforme sur le sable blond
ma nudité soudain me gêne
éblouie par une Ève ébène
Saint-Laurent-sur-Mer, 19 juillet
© Autobiopoèmes, Océanités
63
De la mer
qui s'agite dans mon verre
monte un brouillard
à couper au couteau
on entend les cornes de brume
on navigue à l'aveugle
on s'attend à s'échouer
entre algues et rochers
on se fracasse
sur de grises falaises
Noir sous les paupières
je ressasse
elle reflue
je bois la tasse
Je dévis
Saint-Laurent-sur-Mer, 10 aout
© Autobiopoèmes, Océanités
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