COUPE DU MONDE DE FOOTBALL AU QATAR :
LE BOYCOTT COMME ISSUE ?
Le scandale n'est aucun sport, mais ce qu'on en fait, comment on le pourrit, à la fois par l'argent – peut-il en être autrement dans le système économique qui nous exploite ?
Le scandale n’est aucun sport mais les "modèles" qu'on impose aux classes populaires, à des années-lumière du respect de l’être humain dans un monde imposé par la soif de profit, au mépris de la planète sur laquelle nous vivons et des êtres vivants qui la peuplent, hors de toute préoccupation de solidarité, de coopération.
Le scandale n’est aucun sport mais les valeurs dévoyées au détriment des un·es pour engraisser les autres.
Le scandale n’est aucun sport mais le mépris de classe de celles et ceux, minoritaires, qui par la spéculation et l’exploitation, possèdent les richesses et seront demain, si nous les laissons faire, en capacité de confisquer les biens de première nécessité, y compris l’eau potable, à une majorité d’humain·es.
La coupe du monde de football au Qatar réunit tous les aspects détestables de l’inhumanité.
À l’égard des ouvriers et des ouvrières réduits à une situation proche de l’esclavage depuis l’attribution de la coupe du monde à ce pays, sans considération pour leur santé et leur vie.
À l’égard des femmes auxquelles on dénie les mêmes droits que les hommes, à l’égard de celles et de ceux persécuté·es pour leur orientation sexuelle, leur religion ou leur athéisme.
À l’égard de celles et ceux qui s’opposent à la politique en cours ou enfreignent les lois du pays, basées sur la charia, et qui sont soumis·es à la flagellation, condamné·es à la prison à vie, à la peine de mort.
À l’égard de l’aberration écologique d’organiser un tel évènement dans une région du globe qui oblige à climatiser les stades, à une consommation d’eau disproportionnée, alors que des populations y souffrent de la soif et de la faim.
Si celles et ceux qui nous gouvernent sont incapables de prendre la seule bonne décision qui serait de boycotter – mais comme elles ont choisi le Qatar dans des conditions plus que douteuses et ferment depuis les yeux, on peut douter de leur capacité à revenir en arrière – reste la possibilité, collectivement et à défaut individuellement, de ne cautionner d'aucune façon cette compétition, comme toute autre qui ferait fi des droits des femmes et des hommes.
Si massivement nous privions l'organisation au sens large de cette coupe du monde des ressources publicitaires, des retombées médiatiques, économiques, le signal envoyé pourrait être fort politiquement. Et servir d'avertissement aux instances dirigeantes de chaque sport pour les évènements à venir.
Ignorons cette compétition, éteignons notre poste de télévision pendant cette coupe du monde, n’allons pas sur les sites sportifs qui en feront des comptes-rendus, ne lisons pas la presse spécialisée ou non qui en diffusera les résultats et les analyses.
Il y aura tant et tant d’autres choses à faire pendant cette coupe du monde. Ne serait-ce que d’aller au stade, encourager des sportives et sportifs amateur·trices. Lire, écrire, chanter, danser, dire un poème, aller se promener, dans un petit théâtre, au cinéma… Ou s’engager contre toutes les formes de discriminations, pour les droits et l’émancipation des femmes et des hommes, un travail et un salaire dignes pour chacun·e.
Appelons au boycott de la coupe du monde de football au Qatar et, au-delà, pour tout évènement, sportif ou culturel, qui ne respecterait pas nos valeurs de liberté, d’égalité des droits de chacun·e à vivre dignement, de solidarité et de respect de la Terre et de sa biodiversité.
HB
septembre 2022
Je précise que même si mon cœur est au rugby, je suis ancien joueur amateur et éducateur bénévole de football. J'apprécie toujours, en (télé)spectateur, un match de foot, quelle que soit la division. Et taper dans le ballon, à l’occasion...
30APQ : UNE FIN EN SOI ?
Depuis 1981, l'Éducation Physique et Sportive (depuis 1981), un vocable qui n'est pas neutre sur le fond, a supplanté "l'éducation sportive" qui avait elle-même succédé, en 1962, à "l'éducation physique" chère à Pétain et mise en œuvre sous le gouvernement de Vichy. Rattachée au ministère de la Jeunesse et des Sports depuis la Libération, la discipline n'intègre le giron de l'Éducation nationale qu'au début des années 80.
L'EPS devrait être centrale parmi les enseignements à l'École, tant elle contribue et est indispensable au développement de l'enfant, et bien au-delà des seuls aspects "physiques" ; les enseignant·es de CP savent bien, par exemple, qu'elle favorise la latéralisation, le repérage dans l'espace, etc... C'est un élément favorisant le vivre ensemble, la cohésion du groupe classe, l'inclusion, la coopération, l'entraide, la solidarité et a des répercussions positives sur l’ensemble des apprentissages... Elle est bien plus qu'un moyen potentiel de recentrage pour l'enfant, de retour au calme et à la concentration. Elle va bien au-delà de l'agitation des "30 minutes d'activité physique quotidienne" (ou 30APQ dans le jargon scolaire), qu'on présente entre autres comme un moyen de réduire le surpoids... – encore une fonction renvoyée à l'École tandis qu'on ne permet ni aux parents d'avoir le temps pour cuisiner, ni ne fournit à toute la population les moyens financiers de mieux se nourrir, etc.
En pleine année olympique et paralympique dont on nous rabat les oreilles, la dernière annonce de la suppression de l'oral EPS au concours de recrutement des professeur·es des écoles (CRPE) apparait donc comme la négation de tout ce qui est fait depuis des dizaines d'années autour de l'EPS. Il y a fort à parier que derrière, la formation promise aux futur·es stagiaires comme les programmes de l’école primaire dont un énième projet de refonte est en cours, focaliseront sur les fondamentaux. Je rappelle au passage que cela n’a en rien amélioré la qualité des apprentissages partout où, dans le monde, on leur a donné une place prédominante, mais cette antienne satisfait toujours les partisans nostalgiques du « lire, écrire, compter » (et obéir). Ce projet funeste laissera des miettes à l'EPS, aux arts et aux autres disciplines qui seraient pourtant tellement utiles à la formation et l’émancipation des générations futures.
Le danger sera de renvoyer l'EPS à l'extérieur de l'École, aux centres de loisirs dont on sait la difficulté à fidéliser les personnels et à construire des projets sur le moyen et long terme (et qui ont tendance, au plus près des pouvoirs politiques locaux et du fait de leurs faibles ressources, à prôner de moins en moins une éducation populaire – tout en s'en réclamant, il y a une vraie forme d'usurpation du terme), aux associations (dont un certain nombre sont de vraies petites entreprises destinées à dégager des recettes tout en profitant de la manne des finances publiques, profitant-exploitant des bénévoles et des salarié·es sous-payé·es), aux clubs dont l'optique n'est pas celle d'un service public et qui prônent d'autres valeurs que celles que nous devrions promouvoir à l’École. Le danger est, par exemple, de ne plus penser l'égalité garçons-filles alors même que l'activité physique, l'occupation des espaces et notamment celui de la cour d'école et de l'école hors les murs (comment on s'approprie le quartier et l'espace plus lointain selon qu'on est un garçon ou une fille) peuvent être des éléments favorisant (voir ce qui se joue par exemple sans le cadre de l'EPS pendant les récréations ou les interclasses) ou jugulant le sexisme.
Il existe un vrai risque à ce que ces 30APQ suppléent à terme un véritable enseignement de l'éducation physique et sportive. Avec peu de moyens, sans formation ni réflexion sur le sens mais avec un carnet d'activités clé en main (2 déjà fournis) sans même prendre l'air, sans ou avec très peu d'interrelations entre les élèves, sans empiéter sur les sacrosaints fondamentaux, mais avec une bonne conscience et un satisfecit très politiques, donc de façade.
Pendant ce temps, on manque d'infrastructures sportives (terrains d'éducation physique, gymnases, piscines...) à proximité des écoles parce que les choix politiques sont ailleurs, on manque de matériel parce que les budgets sont contraints et ne permettent pas de le renouveler. Ce ne sont pas les 30APQ qui permettront d’améliorer l’existant.
Il est donc plus que jamais important de redonner sa place à l'EPS dans les apprentissages, de la maternelle au lycée, de l’étendre à l’enseignement supérieur, de maintenir cette épreuve du CRPE et de former les futur·es enseignantes. Signer cette pétition peut y concourir.
HB
mai 2024
La pétition : https://www.change.org/p/pour-le-maintien-d-une-épreuve-orale-d-eps-au-concours-de-recrutement-des-profs-d-école

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