Texte écrit suite au monstrueux assassinat par un islamiste de Samuel Paty, professeur d'Histoire-Géographie au collège Bois d'Aulne de Conflans-Sainte-Honorine, le 16 octobre 2020.
Conflans
vendredi
veille de vacances
automne abat-jour
à l'orée du Bois d'Aulne
dix-sept heures
la nuit tombe en avance
* * * * * * *
Et ces copies que parsème le vent
tachées
corrigées de ton sang
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L'horreur inhumaine
* * * * * * *
Ils ne voulaient pas de vague
c'est une lame déferlante
qui décapite
assassine
* * * * * * *
Après peu après
les discours creux
et larmoyants Aurore joue au Blanker-menteur
annonce la fin d'une mode
la fin d'un monde
iels stigmatisent
divisent
* * * * * * *
L'horreur ajoute à l’horreur
* * * * * * *
Mon cœur en saigne
écorché
crime contre notre humanité
qui chancèle mais résiste
éteignoir de nos libertés
qu’il nous faudra défendre mot par mot
pavé par pavé * * * * * * *
Samuel les enseignant·es ne tairont rien ne se terreront pas Ni leur chantage ni leurs menaces ni la terreur dans nos regards
ni l'horreur dans le leur ne nous feront céder Samuel on fera la fête on trinquera joyeux
au bonheur de vivre
aux jupons qui se soulèvent aux lèvres parfumées aux mille et une nuits à la santé d'Avicenne Averroes
et d’Ibn Zamrak à ciels qui croient dans la paix de leur cœur à nous qui ne croyons rien à nos élèves qui grandissent sur les bancs de l'école aux enfants qui nous élèvent
Samuel
on chantera Douce France
le Temps des Cerises
femmes et hommes
bras-dessus bras-dessous
on dansera s’enlacera
on s’aimera
on lancera des jurons
dénudera les dieux et les déesses
on se moquera
de nous
des macrons
des bourgeois·es
rose-orange
bleu-nuit
vert-de-gris
des nationalistes
vert-kaki
droit·es dans leurs bottes d’intolérance
* * * * * * *
Bataclan
Hyper Casher
Montauban Ozar Hatorah
Préfecture de police Promenade des Anglais Strasbourg
Trèbes
Charlie Jacques
Aurélie Jean-Baptiste
Jessica
Hervé
Julien
Laura Mauranne Ronan Thierry Samuel et toutes celles et tous ceux qui représentez – à leur triste cœur empierré à leurs tristes yeux dilatés à leur triste pensée décervelée décérébrée lobotomisée à leur triste corps déshumanisé
tout ce que déteste leur âme fanatisée – la Vie l'Amour la Liberté de croire ou ne pas croire de dire de rire d'en rire de rêver
de chanter
d'enchanter vous vivez dans nos cœurs et nos mémoires
comme un rameau d’olivier
une colombe de paix universelle
comme la flamme inextinguible du phare gardien
de l’humanité
Paris, 16-20 octobre 2020
© Autobiopoèmes
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